Le déficit budgétaire de l'Etat se creuse en janvier

Contretemps ou retour en arrière ? En janvier, le déficit de l'Etat s'est élevé à 12,3 milliards d'euros, contre 11,7 milliards en janvier 2004 selon le ministère du Budget. Un cas de figure inédit depuis le printemps dernier puisque le gouvernement, engagé dans une politique de réduction du déficit budgétaire, avait réussi depuis cette période à abaisser chaque mois ses dépenses budgétaires.Le ministère reste néanmoins rassurant, estimant "qu'à ce stade de l'exécution budgétaire, les comparaisons d'une année sur l'autre sont peu significatives, les aléas pesant sur les recettes et les dépenses tels que les décalages calendaires, les versements ponctuels entre autres, sont d'autant plus importants que les masses en jeu sont faibles".Tenu de respecter le Pacte de stabilité et de croissance, qui limite à 3% du PIB le déficit des Etats membres de l'Union européenne, la France espère respecter ses engagements en 2005 grâce à une réduction de ses dépenses de fonctionnement. En janvier, les dépenses du budget général s'élèvent à 24,8 milliards d'euros, en hausse de 0,9% par rapport à janvier 2004. Selon Bercy, cet écart provient de calendriers différents d'un an sur l'autre pour certaines dépenses. Quant aux recettes, elles atteignent 15,07 milliards d'euros, juste en dessous de celles enregistrées un an plus tôt (15,26 milliards). Le ministère justifie cet écart par des phénomènes ponctuels, notamment l'accélération des prélèvements sur recettes au profit des communautés européennes.Quant aux recettes fiscales, Bercy observe "qu'il n'est pas possible à ce stade de l'année de distinguer le sens des évolutions". Si la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) progresse de 5,9%, contre +5,4% en janvier 2004, "l'évolution des autres recettes fiscales est plus erratique et peu significative", estime-t-on au ministère. Bercy précise qu'il faut attendre le mois de mars et le versement du premier accompte d'impôt sur les sociétés "afin de pouvoir comparer des montants vraiment conséquents et des évolutions potentiellement significatives".Par ailleurs, les recettes non fiscales progressent sur un an en raison d'un versement ponctuel de 400 millions d'euros par la Banque de France, prévu par la loi de Finances, au titre d'anciens billets libellés en francs et privés de cours légal."Le déséquilibre budgétaire de la France dure depuis vingt-six ans, que la croissance soit au rendez-vous ou pas", précisait récemment Marc Touati chez Natexis Banques Populaires, lors de la présentation de la dernière Lettre des études économiques. Selon les statistiques établies par l'établissement, les dépenses publiques de fonctionnement ont augmenté de 246,8 milliards d'euros entre 1978 et 2003. En volume, l'augmentation atteint 192% alors que sur la même période, le PIB de la France n'a augmenté que de 71,5%."Et la situation ne devrait pas s'améliorer en dépit des efforts de l'Etat, d'autant plus que la France sera prochainement confrontée à des défis important, tels que le paiement des retraites des générations du baby-boom. A partir de 2010, le paiement des retraites par répartition sera problématique. La loi Fillon prévoit de résoudre cette difficulté. Seul problème, elle repose sur l'hypothèse d'un taux de chômage de 4,5% à cette date alors que dans le meilleur des cas, le taux de chômage atteindra 7% de la population active. Un audit effectif de l'Etat avec une réduction drastique des coûts de fonctionnement à la clé est donc devenu indispensable. Et urgent. En 2010, il sera peut-être trop tard ", ajoute l'économiste.
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