La nouvelle dégradation de l'emploi inquiète le gouvernement

C'est une fois de plus une mauvaise nouvelle sur le front de l'emploi: le chômage a enregistré une nouvelle dégradation en France le mois dernier, avec une augmentation de 0,5% du nombre de chômeurs en février, soit 12.800 demandeurs d'emploi supplémentaires, selon les chiffres publiés ce matin par le ministère du Travail. Le taux de chômage, calculé selon les normes du BIT, demeure inchangé à 10,1% de la population active, après sa hausse de 0,1% en janvier dernier.La dégradation de la situation de l'emploi se révèle plus importante qu'attendu: les économistes tablaient plutôt sur 5.000 chômeurs de plus. Mais en définitive, le mois dernier, le nombre de chômeurs de catégorie 1 (immédiatement disponibles à la recherche d'un emploi à durée indéterminée et à temps plein), qui sert de référence, a progressé de 0,5% par rapport à janvier. Sur un an, l'augmentation est de 2,1%. La hausse de février s'avère donc presque aussi élevée que celle de janvier, qui s'établissait à 0,7%.Cette annonce a été accompagnée d'efforts d'explications un peu embarrassés de la part des pouvoirs publics. S'exprimant dans le cadre d'une interview à l'AFP, le ministre délégué aux Relations du travail, Gérard Larcher, a affirmé que "on n'a pas de bons chiffres, comme on s'y attendait". Pour le ministre, le problème tient à ce que "dans une conjoncture du marché du travail toujours très hésitante", il n'y a "pas de créations d'emplois dans le secteur marchand". Une attitude qui serait due selon lui à trois facteurs: la force de l'euro qui pénalise les exportations; la stagnation de l'activité en Allemagne et en Italie; la hausse des prix du pétrole.Conséquence logique de cette dégradation continue de l'emploi: l'objectif avancé par Jean-Pierre Raffarin d'une réduction du chômage de 10% cette année est désormais passé aux oubliettes. C'est en tout cas l'avis de Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale. Intervenant ce matin sur Europe 1, ce dernier a estimé que l'engagement du Premier ministre ne serait "probablement pas tenu précisément sur les chiffres annoncés". Selon Jean-Louis Borloo, "c'est un problème de délai".Mais si retard il y a dans la baisse du chômage, cela n'empêchera pas, pour le ministre, que "le deuxième semestre 2005 voie une amélioration très significative". Selon lui, "l'impact du plan de cohésion sociale , les tendances lourdes s'inverseront à partir du 30 juin, en tous les cas pour le deuxième semestre". Ces déclarations de Jean-Louis Borloo ont été fraîchement accueillies par le reste du gouvernement. Dans un communiqué, Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé qu'il prévoit "une réduction significative du chômage en 2005" - sans pour autant reprendre la promesse d'une baisse de 10%. Le Premier ministre, qui a réuni jeudi matin les ministres en charge de l'emploi, a également annoncé une "accélération de la mise en place du plan de cohésion sociale" et un séminaire gouvernemental sur l'emploi le 7 avril. Dans le même registre, le ministre de l'Economie Thierry Breton s'est déclaré "confiant" dans le fait que le chômage va "retomber sous la barre des 10%" grâce aux différentes mesures prises par le gouvernement. Patrick Devedjian, ministre de l'Industrie, s'en est lui pris directement à son collègue de la Cohésion sociale. Jean-Louis Borloo "ne croit pas à son propre plan" pour faire baisser le chômage, a-t-il lancé, "c'est dommage"... Cette contre-offensive en règle a d'ailleurs amené Jean-Louis Borloo à faire part à la mi-journée de ses regrets quant aux "malentendus" créés par ses propos, qui ne visaient qu'à s'interroger sur les délais de la baisse du chômage, à "deux mois de plus ou deux mois de moins".Reste que du côté des économistes, c'est le pessimisme qui prévaut. Laure Maillard, économiste chez IXIS Corporate & Investment Bank, estime ainsi que les chiffres d'aujourd'hui constituent "de très mauvaises nouvelles". Rapprochés de ceux de la croissance (voir ci-dessous), ils "confirment l'idée d'une reprise sans créations d'emplois", les entreprises se concentrant sur les gains de productivité. En conséquence, l'économiste "n'attend plus que le taux de chômage passe sous les 10% en 2005".Confrontés à une situation de l'emploi aussi difficile, il n'est guère étonnant, en tout cas, que les Français aient du mal à garder le moral: c'est ce que révèle l'enquête sur le moral des ménages publiée ce matin par l'Insee: il apparaît que l'indicateur s'est dégradé en mars, tombant à -25 en données corrigées des variations saisonnières, contre -23 en février.La croissance française relevée à 2,4% en 2004Le produit intérieur brut de la France a progressé de 0,9% au quatrième trimestre 2004 par rapport au troisième, ce qui porte le chiffre annuel à 2,4% pour l'ensemble de 2004, a indiqué ce matin l'Insee, qui a revu ainsi à la hausse ses précédentes estimations de respectivement +0,8% et +2,3%. Au dernier trimestre 2004, les dépenses de consommation des ménages ont fortement progressé, de 1,2% après -0,1% au trimestre précédent, contribuant pour 0,6 point à l'évolution du PIB. Les exportations ont elles aussi accéléré (+1,3% après +0,6%), tandis que les importations ralentissaient leur croissance, avec +0,7% contre +2,4% au troisième trimestre.
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