L'Insee confirme la décélération de la croissance au deuxième trimestre

Pas de bonne surprise. Si le gouvernement de Dominique de Villepin espérait une réestimation à la hausse de la croissance au deuxième trimestre, ses espoirs sont déçus. En effet, confirmant l'estimation précoce publiée le 12 août dernier (lire ci-contre), l'Insee renouvelle aujourd'hui ses statistiques décevantes sur la croissance française : entre avril et juin, l'économie française n'a progressé que de 0,1% aux prix de l'année 2000 corrigé des effets des jours ouvrables et des variations saisonnières.Une semaine après la publication de cette estimation précoce, on connaît aujourd'hui les moteurs, mais surtout les freins à la croissance française au deuxième trimestre. Premier fait marquant, la consommation des ménages recule (-0,3% après +0,8% au premier trimestre). Un fait inédit puisque les dépenses des ménages représentent le principal moteur de l'économie hexagonale depuis ces trois dernières années. De fait, celles-ci pèsent sur la croissance, ôtant 0,2 point au PIB. "Si un ralentissement de la consommation des ménages était prévisible, en raison des nombreuses incertitudes pesant sur leur moral comme le chômage ou la faiblesse des gains de pouvoir d'achat, un recul est plus surprenant", estime, Jan-Eric Fillieule, économiste au CCF interrogé par la tribune.fr. Autre point notable, la Formation brute de capital fixe (FBCF) des entreprises non financières recule de 1,2% après le bond de 1,9% enregistré au premier trimestre. Au final, la FBCF totale recule de 0,4% et coûte 0,1 point à la croissance. Les investissements des entreprises avaient apporté 0,3 point de croissance entre janvier et mars. "Après deux bons trimestres, une correction était attendue en dépit des résultats plutôt satisfaisants des récentes enquêtes trimestrielles de conjonctures publiées par l'Insee", indique Jan-Eric Fillieule."C'est le point le plus inquiétant", estime pour sa part Nicolas Bouzou au Xerfi. "Les entreprises ont repris des postures défensives, alors même qu'elles ont les moyens financiers d'investir - les taux de marge sont rétablis, les taux d'intérêt sont historiquement faibles -, et qu'elles en ont besoin, la compétition mondiale imposantaux entreprises françaises des gains de productivité. On peut bien entendu incriminer la flambée des cours du pétrole ou l'euro fort, mais il ne faut pas omettre les facteurs purement nationaux. L'instabilité de la politique économique et la forte réglementation dumarché des services constituent en particulier deux autres bonnes raisons pour les entreprises de retarder leurs investissements", explique l'économiste.Sans surprise, le commerce extérieur contribue à nouveau négativement à la croissance (0,1 point), la hausse des exportations enregistrée en dépit de la contrainte d'un euro fort(+1,0% après -0,2%) ne pouvant compenser l'accélération des importations (+1,3% après +0,7%).Seul moteur de la croissance, l'augmentation des stocks contribuent pour 0,4 point à la variation du PIB. Un bien triste moteur pour l'économie française. En faisant abstraction de cette hausse des stocks, "le PIB affiche un recul de 0,3%. L'activité hexagonale intrinsèque s'est donc repliée au deuxième trimestre", souligne Marc Touati chez Natexis Banques Populaires.De fait, compte tenu du 0,4% et du 0,1% de croissance enregistrés respectivement aux premier et deuxième trimestre, l'acquis de croissance ne s'élève qu'à 1,2% au premier semestre. Pour que l'économie française enregistre les 2% de croissance annuelle souhaitée par le gouvernement, le second semestre devra donc être particulièrement dynamique. Pour l'instant, les prévisions annuelles de croissance des économistes oscillent toujours entre 1,4% et 1,8% de croissance."Après le trou d'air enregistré au deuxième trimestre, l'économie française devrait se redresser légèrement au cours du second semestre, en dépit de la persistance de freins structurels et de conditions macro-économiques fragiles, affectées notamment par la hausse des cours du brut", anticipe Laure Maillard, économiste chez Ixis CIB qui table pour sa part sur une croissance annuelle de 1,5% en 2005.
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