Intervention armée pour libérer le navire détourné par les marins de la SNCM

Les pouvoirs publics ont employé les grands moyens pour mettre un terme au détournement de navire effectué par un certain nombre de marins du Syndicat des travailleurs corses (STC), pour protester contre la privatisation de la SNCM. Des commandos héliportés du GIGN ont reçu l'ordre de Matignon de prendre d'assaut le navire. Après l'opération musclée, le navire appelé Pascal Paoli a ensuite repris sa route vers le continent, depuis Bastia, vers 9 heures. Appartenant au GIGN et à la marine, ces commandos sont intervenus alors que le cargo mixte se trouvait à l'entrée du port de Bastia. Selon le journaliste de l'AFP présent sur place, c'est au moment où le bateau effectuait une manoeuvre pour tenter de rentrer dans le port que cinq hélicoptères de transport de troupes ont surgi au-dessus de lui. Des cordes ont été lancées depuis ces hélicoptères sur le pont supérieur du bâtiment et des hommes vêtus de noir, cagoulés, en sont descendus en rappel et se sont engouffrés dans le navire. Selon des sources militaires, une cinquantaine d'hommes du GIGN, chargés de prendre le contrôle du navire, ainsi que des commandos marine, chargés de la manoeuvre, ont participé à l'opération. Peu après leur intervention, le navire a repris la direction du continent.Cette intervention spectaculaire fait suite à la brutale dégradation de la situation observée depuis mardi après-midi. Suite à la confirmation de la privatisation de la SNCM (Société nationale corse méditerranée), confiée au fonds d'investissement Butler Capital Partners, les marins affiliés à la CGT et au STC ont engagé mardi un blocage de l'ensemble des activités du port autonome de Marseille."Un outil de travail qui appartient à la Corse"Surtout, des marins appartenant au STC se sont emparés dans l'après-midi du Pascal Paoli. Une trentaine de marins en ont pris le contrôle, contraignant apparemment les officiers à bord à appareiller en direction de la Corse."Nous avons récupéré un outil de travail qui appartient à la Corse et nous le rendons à la Corse", avait expliqué par téléphone le leader du STC-Marins, Alain Mosconi, deuxième syndicat à la SNCM.Cette opération a aussitôt suscité de vives réactions de la part des autorités. Le parquet de Marseille a ouvert dès mardi une procédure pour détournement de navire dans le cadre d'un "crime flagrant", crime équivalant aux yeux de la loi à un détournement d'avion par des pirates de l'air. Un acte passible en théorie de 20 ans de réclusion criminelle. Le navire détourné se dirigeait mardi soir vers la Corse, et plus précisément le port de Bastia. Du coup, des manifestants venus attendre le bateau se sont violemment heurtés aux forces de l'ordre à Bastia dans la nuit de mardi à mercredi. Au nombre d'environ 400, ils ont bloqué à quai le ferry Mega Express de la Corsica Ferries, la concurrente privée de la SNCM, rempli de passagers, et un cargo mixte de la CMN, le Kalliste. Des heurts violents ont rapidement éclaté entre les gendarmes mobiles et des groupes de manifestants pour la plupart encagoulés. Ces derniers ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes. Au terme de plusieurs heures d'affrontements, les gendarmes mobiles ont pu dégager les abords des deux navires bloqués. Le Mega Express a finalement pu appareiller pour Toulon à 2h00, le Kalliste devait le suivre peu après.Une part minoritaire pour l'EtatMercredi matin, le repreneur de la SNCM, Walter Butler, a affirmé que le retour "au calme" serait un "préalable" au maintien de son offre. S'expriment sur Europe 1, Walter Butler s'est déclaré toujours repreneur "malgré les images inquiétantes que l'on voit à la télévision". Mais "il y a deux préalables", a-t-il ajouté: "après les incidents qui se passent aujourd'hui, il y a la nécessité de revenir au calme et d'engager une discussion avec les partenaires sociaux. On ne va pas rentrer de force dans cette entreprise". Pour sa part, Jean-Paul Israël, le secrétaire général des marins CGT de Marseille - syndicat majoritaire de la SNCM -, se dit prêt à reprendre le dialogue et a indiqué mercredi être "dans l'attente d'une rencontre" avec les représentants de l'Etat, en vu du maintien d'une participation de l'Etat dans le capital de la SNCM.Dominique Perben avait en effet déclaré mardi qu'il souhaitait que l'Etat reste "actionnaire minoritaire" de la SNCM sans donner de précision sur le montant de la part. Il a précisé avoir demandé au fonds Butler Capital Partners de "faire des propositions en ce sens" et demandé aux acteurs du dossier de la SNCM d'avoir une "attitude constructive".En tout état de cause, la discussion risque d'être difficile. D'autant que le syndicat majoriatire de la SNCM ne compte en rester là :"Le maintien d'une part minoritaire de l'Etat est insuffisant à nos yeux, car nous considérons qu'il s'agit toujours d'un désengagement, qui n'est pas acceptable", a lancé Jean-Paul Israël.
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