"La crise grondait depuis des années dans les banlieues"

latribune.fr. - Etes-vous surpris par la montée en puissance de la violence dans les banlieues de ces derniers jours ?Lionel Urdy - Pas du tout. Cela fait des années que les problèmes s'accumulent dans les cités. Avec un taux de chômage des jeunes de 40%, la situation ne pouvait que se détériorer. Déjà, un avertissement avait été donné au début des années 90. Il suffisait d'une étincelle pour déclencher une explosion sociale de cette envergure. A l'Ecole de la deuxième chance de Marseille, où 80% des stagiaires proviennent des cités, on mesure tous les jours l'ampleur de la tâche pour ouvrir de nouvelles perspectives à chacun de ces jeunes.Comment désamorcer durablement cette situation ?L'insertion professionnelle des jeunes doit être la priorité. Agés de 18 à 25 ans, sans diplôme ni qualification, et sortis depuis au moins un an du cadre professionnel, la plupart des jeunes que nous accueillons n'ont pas le niveau de mathématiques de l'école primaire. Nous leur offrons donc de prime abord une remise à niveau des compétences de base nécessaires en mathématiques, français, mais aussi en anglais et informatique pour qu'ils s'insèrent dans la vie professionnelle. De neuf mois en moyenne, selon leur niveau et leur projet professionnel, leur scolarité ici s'effectue en alternance avec des entreprises partenaires.L'intégration repose donc essentiellement sur l'insertion professionnelle ?Pas seulement. Pour être efficace, l'insertion professionnelle doit être accompagnée d'une aide transversale. Outre ses lacunes scolaires, chaque jeune souffre généralement d'un problème spécifique qui l'empêche d'avancer. Le plus souvent, il s'agit de lourdes difficultés familiales, mais les questions de logement, de santé ou les démêlés avec la justice ne sont pas en reste. Sans devenir une école globale, nous répondons à ces problèmes périphériques grâce au tissu d'acteurs sociaux et associatifs particulièrement dense dans la région.Depuis la création de la première Ecole de la deuxième chance en 1998 - la vôtre -, quel bilan dressez-vous?60% des 1.200 jeunes qui en sont sortis ont poursuivi une formation qualifiante ou ont été embauchés, la majorité en CDI. Face à l'afflux annuel de 4.000 jeunes répondant à nos critères, notre capacité de 300 élèves par an reste néanmoins dérisoire. Sept nouvelles écoles ont vu le jour en France depuis 1998, permettant d'accueillir chaque année 1.700 élèves, et 10 nouveaux projets sont sur la table. Ailleurs en Europe, le réseau compte une trentaine d'écoles. C'est Edith Cresson qui avait fait naître ce projet de l'Union européenne lorsqu'elle était Commissaire européen.Qui vous finance ?A Marseille, ce sont les collectivités locales à 97% et le Fonds Social Européen à 3%. Mais, comme nous l'avons fait le 20 octobre dernier lors de la première conférence des écoles de la deuxième chance (E2C) françaises, nous demandons au gouvernement d'inscrire explicitement les écoles de la deuxième chance dans le plan de cohésion sociale.
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