L'Europe suspendue au référendum français

Le oui a-t-il encore une chance de l'emporter lors du référendum de dimanche? En France et dans le reste de l'Europe, les partisans de la Constitution européenne ont jeté toutes leurs forces dans la bataille vendredi, à la veille d'un week-end où l'Union européenne toute entière aura les yeux rivés sur la France.Le geste le plus spectaculaire, et le plus symbolique, est venu d'Allemagne, qui a achevé son processus de ratification du traité constitutionnel. La chambre haute du pays a voté en sa faveur à la quasi-unanimité, confirmant ainsi le vote déjà réalisé le 12 mai par les députés.Ce vote du Bundesrat, qui représente les Etats régionaux constituant la fédération allemande, est tout sauf une surprise: l'Allemagne n'a pas lancé de procédure référendaire, et sa classe politique est toute acquise à la construction européenne. Reste qu'il s'agit là d'un geste fort: si la ratification allemande est intervenue à la veille du scrutin français, ce n'est pas par hasard, mais bien pour témoigner de l'engagement sans faille du plus grands pays européen dans le processus et pour appeler la France à faire de même.L'Allemagne est venue ainsi allonger la liste des membres de l'Union qui ont déjà mené à bien leur ratification. Huit autres pays avaient déjà fait de même, appartenant tant aux "anciens" de l'Union - Italie, Grèce, Espagne, Autriche - qu'aux nouveaux entrants - Lituanie, Hongrie, Slovénie, Slovaquie.Autant dire que le message se veut clair: si la France vote non dimanche, elle courra le risque de se retrouver isolée, et bien incapable de renégocier une Constitution plus conforme à ses voeux. C'est ce qu'a affirmé très clairement le vice-chancelier et chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer, vendredi, en soulignant qu'"il n'y aura pas de meilleur" traité et que "le monde ne va pas nous attendre, nous Européens" (si nous ne sommes pas unis).Une thèse parfaitement identique a été défendue par l'ancien président de la République française Valéry Giscard d'Estaing, qui a présidé la convention chargée de la rédaction du projet de traité, selon qui "il ne peut pas y avoir d'autres constitutions pour l'Europe". Face à la dimension historique de l'enjeu, et au lendemain de l'ultime intervention de Jacques Chirac, les défenseurs du oui voulaient encore y croire vendredi. Militant pro Constitution de la première heure, le président de l'UDF François Bayrou a ainsi déclaré sur RTL que le retard du oui dans les sondages était "absolument rattrapable en 48 heures". Une conviction appuyée sur la présidentielle de 2002, "dans laquelle on nous annonçait avec certitude des résultats et les Français ont pris les choses en main pour dire ce qu'ils avaient envie de dire, eux".Optimisme sincère ou méthode Coué? Quelle que puisse être la force de conviction déployée dans les dernières 24 heures de la campagne par les partisans du oui, un fait demeure: le non n'a cessé de se renforcer dans les sondages ces derniers jours, les dernières enquêtes publiées vendredi matin, et réalisées avant l'intervention de Jacques Chirac, donnant en général le non à 55%...
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