Les victimes des attentats commencent à avoir des noms

Les Britanniques ont subi une petite douche froide ce mardi de la part de leurs principaux alliés, les Etats-Unis. La BBC a révélé ce matin que l'armée américaine avait interdit, pour des raisons de sécurité, aux militaires basés au Royaume-Uni de se rendre à Londres...La directive date de vendredi dernier et s'adressait aux 12.000 soldats américains déployés, pour la plupart, dans les bases de la Royal Air Force à Mildenhall et à Lakenheath, dans le Suffolk. Il leur était expressément ordonné d'éviter la zone à l'intérieur de l'autoroute M25, le périphérique qui entoure la capitale britannique. Leurs familles aussi étaient invitées à s'abstenir de toute visite dans la région. La nouvelle a suscité un vif agacement dans l'opinion publique britannique, au moment même où George W. Bush déclarait que "les Etats-Unis sont résolument aux côtés du Royaume-Uni" et que la guerre contre les terroristes ne connaîtrait pas de trêve. La décision d'interdire aux militaires américains de se rendre à Londres a été vécue comme un manque de confiance et comme un signe d'une défaillance dans la volonté de ne pas se laisser intimider par le terrorisme. Interrogé par BBC Radio 4 ce matin, le ministre de la Défense britannique, John Reid, a indiqué qu'il venait d'évoquer la question avec son homologue Donald Rumsfeld et qu'un "examen" de cette décision était en cours par les autorités américaines. "L'interdiction a un sens quand on sait qu'elle a été décidée vendredi, dans un contexte de confusion sur la situation générale", a tempéré le ministre, qui semblait s'attendre à ce que la décision soit révisée dans les heures qui viennent. Et de fait: l'ambassade américaine en Grande-Bretagne a annoncé un peu plus tard dans la journée que l'interdiction allait être levée...Les Londoniens ont entre-temps retrouvé leurs habitudes, hier et aujourd'hui, malgré les difficultés de déplacement liées aux suspensions encore en vigueur sur certaines lignes de métro. Environ 85% du réseau est opérationnel, alors que les autobus fonctionnent comme d'habitude. Signe additionnel de retour à la normalité, le fameux péage que le maire de Londres, Ken Livingstone, avait introduit il y a deux ans pour les voitures venant en centre ville, a été remis en service après sa suspension temporaire jeudi et vendredi derniers. La capitale britannique se penche à présent sur ses victimes, dont les noms commencent à être connus. Pour l'heure, deux personnes ont été formellement identifiées: Susan Levy, âgée de 53 ans et mère de deux enfants, décédée dans l'un des trois attentats dans le métro, et Gladys Wundowa, 51 ans, employée dans les services de propreté au University College de Londres, morte dans l'autobus éventré par une bombe. Le nombre de décès confirmés est de 52, mais les autorités pensent que ce chiffre pourrait encore croître. Plusieurs familles ont été contactées par la police pour leur notifier la mort probable d'un proche et pour leur demander d'en identifier le corps. Cinq jours après les attentats, des voix commencent par ailleurs à s'élever contre la lenteur des procédures d'identification. Le chef de la police, sir Ian Blair, a ainsi lancé un appel à la patience. "Nous sommes en présence de la plus terrible scène de crime de l'histoire d'Angleterre", a-t-il affirmé hier soir. La récupération des corps continue dans le tunnel de la station de Russel Square. Le maire Ken Livingstone a annoncé que ce jeudi sera une journée consacrée à la mémoire des victimes. A midi, les Londoniens seront donc invités à observer deux minutes de silence; à 13 heures, un cahier de condoléances sera ouvert au public à Trafalgar Square, coeur de la ville, alors qu'à 18 heures une veillée aura lieu sur la même place. Ce jeudi également, le Parlement devrait entamer l'examen d'un projet de loi renforçant le dispositif anti-terrorisme. Tony Blair a promis hier, en s'adressant aux Communes, que le gouvernement et la polices étaient engagées dans "une des plus vigoureuses et intenses investigations que ce pays ait jamais connu".
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