Le Livret A pour tous

Plus de 46 millions de Français disposent d'un Livret A. Il reste ainsi leur mode d'épargne préféré. Et de loin. Or aujourd'hui, pour ouvrir un tel livret, il faut obligatoirement s'adresser à un bureau de Poste ou à une Caisse d'épargne. La prochaine création de la Banque postale a ravivé la bataille pour la banalisation de la distribution du Livret A, quatre banques (Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale et Banque Populaire) ayant décidé de porter plainte devant la Commission de Bruxelles. Leur argumentaire est limpide et finalement convaincant: pour elles, rien ne justifie que deux réseaux bénéficient d'un tel privilège, de surcroît généreusement rétribué. La collecte est en effet rémunérée entre 1,1% et 1,3% des encours, soit une manne de plusieurs centaines de millions d'euros pour les deux réseaux en question. Les banques exclues du système assurent qu'elles pourraient le faire tout aussi bien et pour beaucoup moins cher. Donc dégager plus de fonds pour le financement du logement social qui, faut-il le préciser, en a bien besoin.Sur le papier, leur position se tient. On comprend que ni la Poste ni les Caisses d'épargne ne verraient d'un bon oeil filer une partie des détenteurs de Livrets A actuellement domiciliés chez elles. Et sur le fond, rien ne justifie de "surpayer" cette collecte. Cependant, à y regarder de plus près, on se rend compte que les banques ne lorgnent pas sur l'ensemble des livrets existants. Car, grosso modo, il existe deux types de détenteurs. D'un côté ceux qui s'en servent comme d'un outil d'épargne liquide et qui gèrent un encours de quelques centaines ou milliers d'euros avec beaucoup de constance. Un profil en or comparé à celui de la deuxième clientèle du Livret A, ceux qui l'utilisent comme un substitut au compte bancaire. Ceux là, généralement aux ressources plus modestes, multiplient les opérations au guichet et se retrouvent à la fin du mois avec un solde tout juste positif. Cette clientèle la moins prospère coûte cher en frais de gestion et justifie la rémunération versée aux deux réseaux collecteurs. A l'évidence, ce n'est pas celle-ci que visent les quatre plaignants mais plutôt celle des détenteurs de livrets bien rebondis que leurs clients ont dû ouvrir chez les concurrents. Les rapatrier ne coûterait pas cher et même avec une rémunération de 0,8% des encours, l'opération devrait être rentable...
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