Blair et Chirac peinent à rapprocher leurs positions sur l'Europe

Par latribune.fr  |   |  599  mots
La France et la Grande-Bretagne ont bien du mal à rapprocher leurs positions sur la crise qui secoue l'Europe. Qu'il s'agisse du budget de l'Union ou du processus de ratification de la Constitution, la rencontre qui s'est déroulée mardi après-midi entre Jacques Chirac et Tony Blair n'a semble-t-il guère permis de dégager de points d'accord.Les deux leaders politiques de la France et du Royaume-Uni se réunissaient aujourd'hui dans un moment particulièrement difficile de la vie de l'Union européenne, une quinzaine de jours après le rejet de la Constitution par la France et les Pays-Bas et deux jours avant un sommet décisif des chefs d'Etat et de gouvernement qui se tiendra à Bruxelles.Deux points de désaccord majeur opposent les deux pays : le budget européen et la Constitution. Sur le premier point, le Premier ministre Tony Blair a affirmé à l'issue de sa rencontre avec le président français qu'il y avait toujours un "désaccord aigu" entre les deux pays.Afin de dégager des marges de manoeuvre budgétaire et surtout de limiter sa propre contribution, la France demande avec insistance une remise en cause du rabais dont bénéficie la Grande-Bretagne. Ce dont Tony Blair ne veut absolument pas entendre parler. Le Premier ministre britannique ne veut en fait accepter de discuter de la contribution financière de son pays que dans le cadre d'une remise en cause plus générale du budget européen, qui comporterait notamment une remise à plat des dépenses agricoles. Pour la France, qui bénéficie au premier chef de ce dernier budget, une telle demande est totalement inacceptable...Du côté de l'Elysée, on affirme que Jacques Chirac a indiqué à M. Blair qu'il souhaitait "un accord raisonnable et équitable, ce qui suppose que chacun en prenne sa part". La position française est en effet que "dans la situation de crise politique où se trouve l'Europe, il est important de ne pas ajouter des difficultés financières. Les Européens souhaitent qu'à Bruxelles, le Conseil manifeste un esprit de rassemblement et d'unité et démontre sa capacité à aller de l'avant".Autant d'éléments qui n'ont apparemment guère ému Tony Blair, selon qui "la rencontre que je viens d'avoir avec le président Chirac a été amicale, mais de toute évidence il y a un désaccord aigu et je pense qu'il est difficile de combler ces différences".Sur la question de la ratification de la Constitution, les positions ne se sont pas rapprochées non plus. Après le rejet du projet par les électeurs français, Jacques Chirac a souhaité que les autres pays européens poursuivent leurs propres processus, afin de montrer que la dynamique de la construction européenne était toujours là. Tony Blair, pour sa part, s'est empressé de "geler" le projet de référendum britannique, qui s'annonçait perdu d'avance.S'exprimant mardi soit, le Premier ministre du Royaume-Uni a réaffirmé sa position, exprimant le souhait que l'Union européenne observe une pause et une "période de réflexion" de plusieurs mois... Il faut, a-t-il ajouté, "donner à l'Europe la direction dont elle a besoin sur des sujets clés" comme "la mondialisation et la sécurité".Autant dire que le sommet de la fin de semaine, à Bruxelles, s'annonce extrêmement difficile. Dans une Europe déboussolée par le coup d'arrêt donné à la ratification de la Constitution, un nouvel échec ne manquerait pourtant pas de donner un signal catastrophique quant aux perspectives de l'Union.