Tapie, l'incroyable victoire

A croire que l'Etat français et les contribuables n'en finiront jamais de solder l'aventureuse gestion du Crédit Lyonnais... Dix ans après la quasi-faillite de la banque publique, le CDR qui gère ce lourd héritage a enregistré deux sévères revers judiciaires. Le premier, aux Etats-Unis, concerne la désormais célèbre affaire Executive Life qui a fait l'objet d'une transaction pour la somme record de 600 millions de dollars. Toutes amendes confondues, l'acquisition de la compagnie d'assurance californienne et les procès qui s'en sont suivi ont coûté 700 millions au contribuable, sans compter les onéreux frais de défense. Le deuxième revers, tout aussi spectaculaire, concerne un autre dossier emblématique: Adidas, donc les relations de la banque avec Bernard Tapie. L'ancien homme d'affaires a toujours accusé la banque d'avoir joué double jeu avec lui lors de la vente de l'équipementier sportif. Les responsables du Lyonnais et du CDR ont de leur côté toujours soutenu qu'ils n'avaient rien à se reprocher et que, de toute façon, ils avaient agi au mieux des intérêts de leur client dont la situation financière était pour le moins délicate. Les juges de la Cour d'appel de Paris ont tranché et très clairement en faveur de Bernard Tapie. L'arrêt rendu vendredi dernier par la Cour d'appel de Paris est particulièrement sévère pour la banque et n'épargne pas les dirigeants du CDR. Depuis, Bernard Tapie peut plastronner et se vanter d'avoir enfin été réhabilité. Sur le plan moral, le commissaire Valence de TF1 sort bien sûr grandi de ce combat. L'ancien homme d'affaires, qui a longtemps traîné quelques encombrantes casseroles, se refait une virginité. Et malheureusement pas à peu de frais. Il récupère en effet 135 millions d'euros, enfin plutôt les liquidateurs de son groupe qui doivent régler les dettes laissées derrière lui par le flamboyant ex-ministre. Les comptes risquent de prendre quelque temps et les compteurs pourraient être tout juste remis à zéro. On peut cependant faire confiance à Bernard Tapie pour ne pas rendre facilement les clés de son hôtel particulier qu'il squatte avec aplomb depuis dix ans. Quant aux poursuites engagées contre lui pour banqueroute, il y a fort à parier qu'elles ne prospèrent plus très longtemps.Le bilan pour le Lyonnais et les finances publiques est amer. Il n'est pas sûr que la morale sorte grandie de cette affaire mais, après tout, personne n'obligeait le Crédit Lyonnais à financer aussi généreusement Bernard Tapie à la fin des années 80. Le pire est qu'il n'était pas le seul.
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