La diplomatie chinoise, ou l'art de distribuer les contrats

Par latribune.fr  |   |  364  mots
Tapis rouge pour Wen Jiabao. Félicitations du président de la République. Compliments du chef du gouvernement. Difficile de faire moins pour un Premier ministre chinois qui commande quelque 150 Airbus, paraphe des contrats avec Eurocopter, Alcatel et un protocole pour la construction d'un train à grande vitesse. Une belle consécration pour la technologie française, quelques milliards d'euros pour son commerce extérieur (déficitaire de plus de 11 milliards d'euros avec la République populaire), et des milliers d'emplois, souvent hautement qualifiés, confortés sinon préservés.Mais il n'est pas inutile d'énumérer ce que le si généreux visiteur a obtenu en échange. Sur le plan politique d'abord. Dominique de Villepin a dénoncé comme un "anachronisme" le maintien d'un embargo sur les ventes d'armes à destination de la Chine depuis la répression sanglante de Tiananmen en 1989. Un embargo qui "ne reflète pas en effet la réalité de nos relations avec la Chine, ni (le) partenariat stratégique que nous sommes en train de bâtir avec elle," a insisté le Premier ministre.Sur le plan économique, les contrats signés sont assortis de nombreux transferts de technologie. Airbus devrait installer en Chine une usine d'assemblage. L'avenir des relations économiques franco-chinoises passe par la coopération dans les hautes technologies, a expliqué M. Wen devant les patrons du Medef. En d'autres termes: donnant donnant.Ce pragmatisme et cette recherche de la contrepartie ne sont pas réservés à la France. Qu'a recueilli George W. Bush lors de sa visite en Chine à la mi-novembre? Une commande de... 150 Boeing, malgré un langage assez rude sur les pratiques de la Chine en matière de droits de l'homme, de commerce et de gestion de sa monnaie. Toute aussi révélatrice est la générosité nouvelle et spectaculaire de la Chine vis-à-vis de l'Afrique, où elle finance de nombreuses infrastructures, selon une carte qui épouse assez fidèlement celle des producteurs de pétrole du continent noir...Le "contrat historique" d'Airbus n'a pas à être dénigré pour autant. Mais il ne faudrait pas qu'il devienne la source d'illusions sur la réalité des rapports franco-chinois.