Le gouvernement portugais lance une opération anti-blanchiment

C'est probablement l'enquête pour fraude fiscale et blanchiment d'argent la plus importante réalisée au Portugal. Depuis le début de la semaine, les inspecteurs du service d'investigation et d'action pénale (DCIAP) du ministère public ont multiplié les perquisitions. Outre les agences des banques BES- banque Espirito Santo, BCP- Banque Commerciale Portugaise et Finibanco, les domiciles de plusieurs responsables et haut cadres de la BES ont reçu la visite des inspecteurs qui ont saisi des "éléments de preuve". Le procureur général a confirmé les soupçons de détournements de capitaux. Les sommes en jeu seraient énormes selon les médias, qui parlent de près de 2 milliards d'euros détournés. Cette somme, qui n'a pas été officiellement confirmée, équivaut au budget portugais de la défense, et à 1,4% du PIB. L'enquête comporte en fait deux volets. En ce qui concerne la fraude fiscale, elle met en évidence l'existence de sociétés de consulting fictives, qui auraient permis à 600 entreprises ou individus d'omettre de déclarer des dizaines de millions d'euros destinés aux coffres de l'Etat au titre de l'impôt sur les entreprises. Les institutions financières se chargeaient alors d'investir dans des sociétés offshore. L'archipel de Madère, zone franche, fait l'objet de recherches minutieuses qui incluent des écoutes téléphoniques. L'autre aspect de l'enquête élargit encore un peu plus la dimension internationale de la fraude. Ce serait essentiellement le secteur textile qui serait concerné. Des commissions importantes de l'ordre de 1 million d'euros étaient versés par des entreprises du secteur à des intermédiaires au Royaume-Uni, chargés de les investir dans les sociétés offshore. Une banque du Cap-Vert serait impliquée. Si les commissions versées sur les commandes de produits sont légales, leur montant et surtout la multiplication des cas ont alerté les services des douanes et de la répression des fraudes de Braga, ville du nord du Portugal qui rassemble de nombreuses entreprises textiles. Alors que par mesure de précaution plusieurs comptes bancaires d'entreprises suspectes sont bloqués, la presse portugaise parle d'"ondes de choc" alors que l'enquête est loin d'être terminée.
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