Lundi de vérité pour Londres

"London is open for business": Londres est ouverte et fonctionne, les attentats meurtriers de jeudi n'ont pas paralysé la ville ni ses habitants. Tel est le message que les Londoniens, le maire Ken Livingstone en tête, ont voulu donner ce lundi matin en se rendant au travail ou à l'école comme d'habitude, c'est-à-dire en empruntant pour la plupart les transports en commun. De même, les bureaux, les magasins et les lieux publics ont ouvert à l'heure coutumière. Plus encore que la journée de vendredi, quand la ville s'est en quelque sorte auto imposée un retour éclair à la normalité pour réagir au choc du quadruple attentat de la veille, cette semaine qui débute est un test de la résistance des Londoniens. Nombreux sont ceux qui se rendaient ce matin au travail pour la première fois depuis le jour des bombes. Ainsi, à l'image du maire, qui a fait son voyage en métro à partir de la station de Willesden Green sur la Jubilee Line, les millions de banlieusards et de citadins se déplaçaient aujourd'hui comme pendant un jour normal. Certes, une partie du réseau est encore fermée: la Circle Line l'est entièrement, la Piccadilly Line pour moitié, d'autres lignes subissent des suspensions partielles. Mais dans l'ensemble, la situation paraît fluide. "Le trafic est au niveau habituel", estime la direction de Transport of London, le gestionnaire du réseau des bus et du métro. Parmi les voyageurs interrogés ce matin par la BBC, la plupart faisaient montre de tranquillité, à défaut d'avouer qu'ils n'avaient en fait "pas d'autre choix" que de continuer à prendre le métro pour se rendre au travail. Pragmatisme et sang-froid anglais teintés de fatalisme... La présence de policiers dans les stations témoigne par ailleurs d'une vigilance accrue. Car sous le calme apparent, Londres reste dans un état d'alerte avancé. Les équipes de secours n'ont pas fini de recueillir et d'identifier les corps des victimes, une opération difficile notamment dans les profondeurs de la station de Russell Square, sur la Piccadilly Line, où seraient mortes plus de vingt personnes, sur un total provisoire d'une cinquantaine dans les quatre attentats. Parmi les 700 blessés, une soixantaine restaient ce matin sous observation dans les hôpitaux londoniens, une vingtaine étant dans un état grave.Le public ne dispose pas de plus d'éléments quant à l'enquête sur les auteurs des attentats. Au cours du week-end, la police a uniquement pu établir que les explosions dans les trois lignes de métro ont eu lieu à peu près simultanément vers 9 heures locales, ce qui laisse penser à une opération très sophistiquée déclenchée probablement à l'aide d'un "timer". La quatrième explosion, survenue moins d'une heure plus tard dans un bus à deux étages à Tavistock Place, fait encore l'objet d'un examen minutieux. L'hypothèse d'un attentat suicide semble pour le moment écartée, même si rien n'est exclu officiellement. La police croit en tout cas que les attentats sont l'oeuvre de "plus d'une personne". Selon la BBC, l'enquête travaille à l'hypothèse que les terroristes se sont donnés rendez-vous à la station de King's Cross (une plate-forme de correspondance pour plusieurs lignes de métro) et que de là-bas ils seraient partis pour leurs destinations meurtrières. La police redoute aussi que les terroristes restent en état de nuire tant qu'ils sont au large. D'où l'appel à la vigilance, car "de nouvelles frappes sont possibles", et l'exhortation au public à coopérer avec les enquêteurs en leur fournissant toutes les informations possibles. La réponse de la population a été d'ailleurs importante. Le numéro spécial pour l'anti-terrorisme a reçu plus de 1.700 appels entre jeudi et dimanche soir, et les informations fournies ont été qualifiées de "très précieuses" par la police. Face au déferlement dans les médias et sur Internet d'images prises après les attentats par des amateurs (le plus souvent via des téléphones portables), Scotland Yard vient de diffuser une adresse électronique ([email protected]) où faire parvenir les images privées. L'heure est désormais à la mobilisation nationale. La priorité, pour le ministre de l'Intérieur Charles Clarke, est de s'emparer des assassins avant qu'ils ne frappent à nouveau. Profitant de sa présidence de l'Union européenne, Londres veut d'ailleurs étendre cet appel à la mobilisation à l'échelle continentale. Mercredi à Bruxelles, le ministre britannique demandera à ses homologues européens, au cours d'une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'UE, des mesures radicales telles que l'archivage des conversations téléphoniques et des courriers électroniques échangées par les citoyens européens. Désormais, on sait maintenant que la sécurité sera la priorité des priorités de la présidence britannique de l'Europe dans les six mois à venir.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.