A votre bon coeur...

Pour les banques, les temps sont durs. La concurrence n'a jamais été aussi vive, les marchés financiers sombrent à nouveau dans la déprime et pour arranger le tout voilà qu'elles doivent aussi rémunérer les dépôts de leurs clients. Sale époque! Heureusement, la lecture de leurs résultats 2004 rassure. On le sait et on s'en félicite sans arrière-pensées, les grandes banques françaises, comme leurs homologues américaines ou britanniques, ont dégagé des résultats record. Signe de bonne santé mais aussi de saine gestion. Après avoir frôlé le gouffre au début des années 90 lors de l'explosion de la bulle immobilière, nos établissements bancaires se distinguent par leur prudence (le coût du risque est historiquement bas) et par la maîtrise de leurs coûts. Les actionnaires, qui perçoivent des dividendes en nette augmentation, s'en félicitent. Les salariés un peu moins...Depuis plusieurs semaines, la grogne monte dans les banques françaises, où les employés estiment ne pas percevoir le juste retour de leurs efforts. Il est vrai que la plupart des établissements mènent depuis plusieurs années des politiques salariales avec un maître mot: l'individualisation. Plus question de mesures générales et pérennes. Au contraire, les augmentations sont accordées de manière discrétionnaire dans une logique de récompense de la performance. Seuls les minimas font encore l'objet de mesures générales, négociées au niveau de la branche. Pour les syndicats, le compte n'y est plus. Ils sont de plus en plus nombreux à demander des mesures à la hauteur des bénéfices réalisés par leurs employeurs. Et la réponse de ces derniers, en mettant en avant l'intéressement, la participation et les dividendes, a jusqu'à présent été un peu courte. Tous les salariés, en effet, ne sont pas actionnaires car toutes les banques ne sont pas cotées, loin s'en faut. Les présidents de banque ne devraient donc pas confondre revenus du travail et revenus du capital. Par ailleurs, participation et intéressement sont par définition variables et ne sauraient donc constituer les bases d'une politique salariale digne de ce nom. Sauf à se résoudre voir le pouvoir d'achat jouer au yo-yo en fonction des fluctuations de la conjoncture et de la Bourse. Enfin, le sentiment de la "juste rémunération" ou de la "juste récompense" est un élément déterminant pour la motivation des troupes. Les dirigeants des banques ne l'ignorent pas, eux qui se sont dotés comme d'autres de tous les outils (primes, stock options) permettant de les récompenser à leur juste valeur.
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