BCE : l'opinion de Pervenche Berès

Ecoutez-nous, Monsieur Trichet"Faites-nous confiance" nous avez-vous dit lundi 21 novembre devant la Commission économique et monétaire du Parlement européen. Nous vous répondons: "écoutez-nous".Nous ne pensons pas qu'au moment où la Commission européenne révise ses prévisions économiques d'automne à la baisse, à 1,3% pour la zone euro en 2005, cette révision étant largement imputable à la hausse du prix du pétrole, le moment soit venu d'augmenter les taux d'intérêts. D'autant plus que la légère reprise de la croissance prévue pour 2006 (1,9%) repose sur des taux d'intérêts bas, comme l'estime le Commissaire Joaquin Almunia. En augmentant les taux d'intérêts de la zone euro lors de votre réunion du Conseil des gouverneurs du 1er décembre, vous prendriez le risque de casser cette reprise encore fragile de la croissance observée ces dernières semaines en dépit de la hausse du prix de l'énergie.Vous nous dites que vous devez agir de manière préventive car une fois l'inflation constatée, il serait trop tard. Entendez-vous ceux qui estiment que sans la hausse du prix du pétrole, la zone serait en déflation? Entendez-vous ceux qui vous disent que la croissance de la masse monétaire alimentera l'immobilier et des investissements extérieures sans risque inflationniste? Ne pensez vous pas qu'en agissant de manière aussi préventive contre l'inflation vous agirez de manière destructrice au regard de la croissance?Une hausse de 25 points de base ne résoudra pas la question du prix du pétrole. En revanche, elle affectera la reprise.Le message de vigilance que vous souhaitez transmettre s'agissant de la lutte contre l'inflation ne risque-t-il pas, en outre, d'avoir un effet psychologique contre-productif, en donnant l'impression que votre institution tire une sonnette d'alarme alors même que la situation ne le justifie nullement?Vous nous dites que les citoyens européens sont demandeurs de stabilité des prix. Ceux que nous rencontrons nous parlent d'abord de croissance et d'emploi. Plutôt que d'augmenter les taux d'intérêt, le moment n'est-il pas plutôt venu d'adapter les objectifs d'inflation définis à un moment bien différent en termes de conditions de la croissance?Vous estimez que le moment est venu d'investir, pensez-vous que la meilleure contribution que la Banque centrale puisse apporter à ce mouvement que vous appelez de vos voeux soit d'augmenter les taux, quand on sait qu'il n'y a pas assez d'investissement en Europe aujourd'hui, malgré le niveau relativement bas des taux?Croyez vous qu'une hausse des taux facilitera une reprise de l'économie allemande au moment où l'équilibre global du programme de la grande coalition fait naître de grandes interrogations sur le redémarrage de cette économie déjà largement handicapée par la faiblesse de sa consommation intérieure?Ne croyez-vous pas que le moment est venu de passer un contrat à durée déterminée avec le Conseil autour d'un plan de relance de la demande intérieure et d'investissement coordonné et rigoureux en faveur des dépenses d'avenir, celles de la stratégie de Lisbonne, afin de consolider la reprise de la croissance soutenue par une politique monétaire momentanément accommodante comme d'autres ont su le faire avec succès?Avez-vous entendu ce que la quasi-totalité des membres de la Commission économique et monétaire du Parlement européen vous ont dit, en écho à ce que vous a déjà dit M. Jean-Claude Juncker, le Président de l'Eurogroupe? L'indépendance n'est pas l'isolement, le dialogue se pratique à plusieurs. Y penserez-vous lorsque vous prendrez votre décision?
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