Fusions en fête

S'il est un métier qui n'a pas connu la morosité cette année, c'est bien celui de banquier d'affaires. Les spécialistes des fusions et acquisitions n'ont en effet pas chômé et les statistiques qui sont en cours de publication le confirment : jamais depuis la folie des années 2000-2001 l'appétit des investisseurs n'avait été aussi aiguisé. Le marché mondial dépasse les 2.500 milliards de dollars. Il a été soutenu par plusieurs phénomènes. Tout d'abord, les acquéreurs industriels sont de retour pour réaliser des opérations dites "stratégiques". Les niveaux de valorisation commencent à s'en ressentir mais aujourd'hui le marché financier n'a qu'un mot à la bouche, celui de croissance. Fut un temps où annoncer une acquisition était synonyme de sanction en Bourse. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les investisseurs n'ont par conséquent plus peur des opérations de croissance externe. Mieux encore, ils sont demandeurs de projets de développement. Un deuxième facteur explique l'exceptionnelle bonne tenue du marché des fusions acquisitions : la présence aux premières loges des fonds d'investissement. Ces "financial sponsors" spécialisés dans la reprise d'entreprises avec effet de levier, les fameux LBO (leverage by out), sont sur tous les coups. Et pour cause, ils n'ont jamais eu autant d'argent à investir. En 2005, les levées de fonds ont atteint des niveaux record (250 milliards de dollars de capitaux propres) à un moment où les capacités de financement sont abondantes chez les banques. La compétition n'a jamais été aussi rude, aussi les fonds les plus importants s'intéressent-ils à des opérations d'un montant jusqu'alors inusité. Hertz aux Etats a ainsi été racheté pour plus de 15 milliards de dollars. On se croirait revenu dans les années 80, lorsque KKR réalisait ses fameux "deals" géants. Et les fonds qui ont du mal à trouver des opportunités d'acquisitions ou de cessions ont trouvé la parade : ils se cèdent les participations entre eux.La plupart des observateurs s'accordent à dire que 2006 devrait marquer une poursuite du mouvement. Pour se développer aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup d'autre solution que de procéder à des acquisitions. Les périodes de croissance molle réussissent finalement bien aux banquiers d'affaires. Il faut aussi admettre qu'ils savent aussi profiter des périodes d'euphorie.
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