L'OCDE exhorte la BCE à ne pas relever ses taux

Si la Banque centrale européenne écoute les recommandations formulées aujourd'hui par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), elle renoncera à relever ses taux d'intérêt jeudi 1er décembre... Selon les Perspectives économiques d'automne publiées par l'organisation internationale, la BCE devrait en effet attendre une consolidation de la reprise économique dans la zone euro avant de procéder à une augmentation de ses taux.Globalement, l'OCDE porte un jugement plutôt positif sur l'économie mondiale. La croissance se porte mieux, et a résisté mieux que prévu à l'envolée des prix du pétrole, souligne le rapport, qui revoit - légèrement - à la hausse les prévisions de croissance. L'OCDE porte ainsi ses prévisions pour l'ensemble des trente pays développés membres de l'organisation à 2,7 et 2,9% en 2005 et 2006 (contre des prévisions de respectivement 2,6 et 2,8% formulées au printemps dernier). Et pour l'année suivante, elle anticipe une croissance globale de 2,9%.L'OCDE souligne une fois de plus la vigueur persistante de l'économie américaine, dont la croissance devrait s'élever à 3,5% l'année prochaine, après 3,6% cette année.Pour la zone euro, les économistes de l'organisation se veulent modérément optimistes. Leur prévision 2005 est légèrement revue à la hausse, à 1,4% au lieu de 1,2%. Il en va de même pour l'année prochaine, avec une croissance désormais anticipée à 2,1% au lieu de 2%. Mais ils soulignent que cette accélération de l'activité économique n'empêchera pas le chômage dans la zone de demeurer au dessus des 8% en 2006.Dès lors, considérant par ailleurs qu'il n'y a pas de tension inflationniste en dehors des prix de l'énergie, le rapport suggère que la BCE ne relève pas ses taux d'intérêt "tant que la reprise n'aura pas accéléré", c'est à dire vers la fin de l'année prochaine. On sait que la BCE a clairement signalé qu'elle relèverait son taux de base d'un quart de point lors de sa réunion du jeudi 1er décembre (voir ci-contre). Et il est fort douteux que les recommandations de l'OCDE l'incitent davantage à changer d'avis que les remontrances des responsables politiques...A l'inverse, les experts de l'organisation estiment que la Réserve fédérale américaine devrait continuer sa politique de relèvement graduel de ses taux, pour les porter de 4% actuellement jusqu'à 4,75%.En ce qui concerne la France, l'OCDE s'inquiète de la persistance des déficits budgétaires. Elle ne croit pas du tout aux engagements pris par le gouvernement de ramener en 2006 le déficit en-dessous de la barre des 3% du PIB prévus par le Pacte de stabilité de la zone euro. Le déficit demeurera globalement inchangé l'année prochaine, estime en effet l'OCDE, selon qui le gouvernement ferait bien d'utiliser les recettes issues du surplus d'activité économique pour réduire son déficit, plutôt que pour engager de nouvelles dépenses. Selon l'OCDE, "de fermes mesures demeurent nécessaires pour réduire le déficit budgétaire dans les années à venir". Thierry Breton, le ministre de l'Economie, prévoit que le déficit budgétaire s'établira à 3% cette année et 2,9% en 2006.Un effort supplémentaire de réduction des déficits pourrait être facilité par la reprise de l'activité. L'OCDE estime que la demande intérieure et les exportations devraient se reprendre en 2006, permettant à l'économie française de passer d'une croissance de 1,6% cette année à 2,1% l'année prochaine. En ce qui concerne le chômage, l'organisation internationale n'est guère optimiste: selon elle, une véritable reprise de l'emploi exigera une "libéralisation profonde" du marché du travail...
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