La chute de Stéphane Kélian et Charles Jourdan illustre la crise du marché français de la chaussure

Comme le textile, le marché français de la chaussure est victime de la compétitivité de l'industrie chinoise. Selon la Fédération française de la chaussure, les importations françaises en produits chinois ont augmenté de 40% depuis janvier. Si la demande française demeure vigoureuse, elle s'adresse en réalité tout particulièrement aux modèles chinois, jugés plus compétitifs. La production française a ainsi été divisée par trois en dix ans. En 1994, l'industrie française produisait 155 millions de paires tandis que son volume de production n'était plus en 2004 que de 53,3 millions seulement.Les prix chinois diminuent quand les prix nationaux progressent, et les consommateurs ne s'y trompent pas. Depuis la levée des quotas, les prix des produits chinois anciennement soumis aux restrictions ont baissé de 35%. Et sur la totalité des produits importés en France, le recul des prix atteint 5%.L'industrie française de la chaussure ne peut donc qu'enregistrer les conséquences de son manque de compétitivité. Les usines de chaussures de luxe Stéphane Kélian Production et Charles Jourdan Industrie sont ainsi en bien mauvaise posture. La première avait déposé vendredi son bilan auprès du tribunal de commerce de Romans-sur-Isère (Drôme). Et ce dernier a annoncé aujourd'hui la liquidation judiciaire du groupe Kélian Production. De son côté, le groupe Charles Jourdan devrait déposer dans la soirée le bilan de trois filiales, Charles Jourdan Industrie (production, 262 personnes), Charles Jourdan France (marketing et administration, 80 salariés) et Sodepar (boutiques, magasins d'usine, 90 emplois). Les contingentements sur les importations chinoises ne devraient pas être renouvelés pour soutenir le marché français. En effet, les quotas et les mesures anti-dumping, qui prévalaient depuis 1994, avaient alors sauvegardé les produits français de la concurrence chinoise. Depuis, la levée des barrières cause de sérieux torts à la production, de sorte que le président de la Fédération française de la chaussure, Patrick Moniotte, ne cache pas son pessimisme: "je redoute la fin de la chaussure française. Si nous continuons ainsi, nous allons finir par perdre notre savoir-faire, notre capacité à développer des marques, des brevets et des produits de qualité".
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