Liberté pour le Livret A

Le Livret A, malgré une rémunération devenue fort peu attrayante, reste le placement préféré des Français. Ils sont 46 millions à utiliser ce moyen de placement qui, parfois, remplace purement et simplement un compte bancaire. Et pour cause, l'utilisation d'un Livret A ne coûte rien alors que de plus en plus de services bancaires sont payants. Il ne faudrait cependant pas croire que la gestion de ces livrets est une mauvaise affaire pour les deux réseaux qui en assurent la distribution. A la Poste comme au sein des Caisses d'épargne, la rémunération pour la collecte de cette épargne réglementée rapporte au total quelques centaines de millions d'euros de produit net bancaire. Autant dire que chaque fois que le gouvernement rabote leur commission, comme cela a été la cas la semaine dernière, les deux bénéficiaires de ce monopole font leurs comptes. Et la conclusion est simple: toute banalisation de la distribution du Livret A se traduirait par un manque à gagner difficilement supportable.Les banques privées de ce produit n'en ont cure. Depuis de longues années, elles réclament à cor et à cri la banalisation de la distribution du Livret A. Elles ont même engagé, et failli gagner, une bataille judiciaire devant les instance communautaires contre un autre monopole, celui du Livret Bleu dont bénéficie le Crédit Mutuel. Menacées de voir instauré un service bancaire universel aux contours encore très flous, remontées contre la future création d'une Banque postale (un concurrent de plus, de surcroît public), elles sont reparties à l'assaut avec un argument a priori imparable: elles sont prêtes à casser les coûts et, concrètement, à se contenter d'une rémunération égale à 0,8% de la collecte, soit 30 points de base de moins que le niveau actuel. Une collecte moins onéreuse, ce serait autant de ressources supplémentaires pour le logement social, finalité ultime du Livret A. Le profil de clientèle des banques candidates à la distribution du Livret A leur permet de consentir cet effort. Le livret, véritable produit d'appel, coûte d'autant moins cher que la clientèle visée est rentable, consomme d'autres services et réalise peu d'opérations avec cette épargne. Et s'il n'est pas sûr qu'elles gagneraient beaucoup d'argent avec, il est acquis que la Poste comme les Caisses d'épargne subiraient un contre coup fort désagréable. Ce qui, en soi, devrait suffire au gouvernement pour préserver un statu quo que peu de choses justifient.
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