Feu vert à l'ouverture des négociations de l'UE avec la Turquie et la Croatie

Au terme de 40 ans d'attente et de longues heures de négociation, l'Union européenne et la Turquie ont finalement célébré la nuit dernière le lancement des négociations en vue de l'adhésion d'Ankara à l'Union européenne. Soulignant que le feu vert avait été donné peu avant 23h en temps universel, le ministre britannique des Affaires étrangères s'est félicité d'avoir tenu l'agenda européen qui prévoyait le début des négociations le 3 octobre. Même si, en fait, c'est peu avant 1h du matin, heure du Luxembourg, que la courte cérémonie symbolique a été tenue, une demi-heure environ après l'arrivée du ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül...Dans la foulée, la seconde initiative n'étant pas tout à fait étrangère à la première, les Vingt-cinq ont également entrebâillé la porte à la Croatie. Plus tôt dans l'après-midi, la procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, Carla del Ponte, leur a assuré, en effet, que Zagreb, "depuis quelques semaine maintenant, coopérait pleinement" avec son institution.Si pour la Croatie, l'affaire aura été rapidement bouclée, il n'en aura vraiment pas été de même pour la Turquie. Ce n'est qu'au terme de longues heures d'incertitudes, d'innombrables conciliabules autour du président du Conseil de l'Union, Jack Straw et de son homologue autrichienne, Ursula Plassnik, de laborieux exercices de "clarifications" rédactionnelles et d'une ultime consultation de Vienne et d'Ankara que le verrou a pu être tiré sur la perspective d'une entrée de la Turquie dans le club européen. Il aura fallu au total, en effet, une rencontre informelle de Jack Straw et d'Ursula Plassnik dimanche après-midi, suivie d'une réunion ministérielle, qui se termina à une heure avancée de la nuit, puis, hier, toute une journée de palabres et de coups de téléphone - Condolezza Rice aurait elle-même été en contact avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, et avec Jack Straw - pour que les Vingt-cinq parviennent finalement, en début de soirée, à un compromis sur le "cadre de négociation". Puis, vers minuit, à accueillir le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gül, qui a longuement patienté à Ankara avant de prendre l'avion pour le Grand Duché, pour lancer officiellement des négociations dont le seul objectif, malgré les pressions de Vienne, demeure l'adhésion.L'Autriche, face à un front de ses partenaires qui ne menaça jamais réellement de se lézarder, a fini, en effet, au fil des heures, par renoncer à faire mentionner explicitement ou implicitement qu'il pourrait y avoir une alternative à l'adhésion. Vienne n'a pas bénéficié du seul soutien possible, celui de Chypre. Nicosie fut tentée mais ses partenaires lui ont rappelé qu'elle avait déjà obtenu, le 21 septembre, une "contre-déclaration" des Vingt-cinq affirmant que la reconnaissance de tous les Etats membres de l'Union est "une composante nécessaire du processus d'adhésion" et pressant Ankara de faire bénéficier Chypre sans discrimination des bénéfices de l'Union douanière euro-turque. Ce qui ne devait toutefois pas empêcher le chef de la diplomatie chypriote George Iacovou de créer la dernière incertitude en demandant des garanties sur la liberté de son pays de participer avec les autres Etats membres à toutes les politiques extérieures de l'Union. La tactique suivie par Jack Straw pour arracher un compromis n'apparut cependant pas toujours très habile, donnant trop souvent l'impression que le "cadre de négociation" se discutait à "vingt-six". Au grand dam de la délégation autrichienne qui n'entendait pas donner à croire à son opinion publique qu'elle avait cédé devant l'intransigeance et les menaces de la Turquie. Surtout que Recep Tayyip Erdogan, alors que les travaux européens piétinaient à Luxembourg, affirmait devant les députés de son parti que la Turquie "maintenait et maintiendrait sa position". Ajoutant que l'Union européenne avait "besoin de la Turquie au moins autant que la Turquie a besoin de l'Union ".
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