Créations d'emplois décevantes en janvier aux Etats-Unis

Si le département du Travail américain pouvait légitimement s'enorgueillir le mois dernier des 2,2 millions de créations d'emplois enregistrées en 2004, il publie aujourd'hui des statistiques beaucoup plus mitigées. En effet, en janvier, l'économie américaine n'a enregistré que 146.000 nouveaux emplois.Bien que ces chiffres déçoivent les économistes, qui tablaient sur 200.000 créations, ils dépassent pourtant ceux enregistrés le mois dernier. En effet, le département du Travail a nettement révisé à la baisse les chiffres de décembre, les créations de postes s'élevant finalement à 133.000 contre 157.000 annoncés lors de la première estimation.Autre déception, les créations d'emplois restent insuffisantes pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail, le seuil théorique d'équilibre se situant à 150.000 emplois."Les indices de confiance récents avaient montré que l'activité avait légèrement décéléré en janvier, aussi bien dans le secteur manufacturier que non manufacturier", précise Nicolas Bouzou, chef économiste du Xerfi. A ce titre, l'université du Michigan a révisé aujourd'hui à la baisse l'indice de confiance de janvier. Annoncé initialement à 95,8, contre 97,1 en décembre, il s'élève finalement à 95,5."On savait en outre que la croissance du PIB avait ralenti au quatrième trimestre, ce qui peut expliquer la (relative) contre-performance du marché du travail", ajoute-t-il. Après une croissance de 4% au troisième trimestre, le PIB américain a progressé de 3,1%, contre 3,5% attendu par le consensus. En 2004, la première économie mondiale a enregistré un taux de croissance de 4,4%.Si les services ont créé 177.000 emplois en janvier, l'industrie et le bâtiment ont particulièrement souffert. Ces deux secteurs ont respectivement détruit 25.000 et 9.000 emplois le mois dernier, affectés par les conditions météorologiques désastreuses qui ont frappés le nord-est du pays."Ces destructions d'emplois dans le secteur manufacturier peuvent surprendre, compte tenu de la forte hausse de la composante de l'emploi de l'indice ISM en janvier dernier", souligne Marie-Pierre Ripert chez Ixis CIB. En effet, la dernière enquête de l'institut privé faisait état d'une hausse sensible du sous-indice de l'emploi, de 53,3 à 58,1 entre décembre et janvier (voir ci-contre).Le département du Travail peut toutefois se satisfaire du recul du taux de chômage qui passe de 5,4% à 5,2% de la population active, même si ce repli n'est dû qu'à la diminution du nombre de demandeurs d'emploi le mois dernier. Soit le niveau de chômage le plus bas depuis septembre 2002. La baisse du chômage est surtout sensible pour les jeunes. En effet, le taux de chômage de cette catégorie de demandeurs d'emploi s'est nettement réduit en janvier, baissant de 17,6% à 16,3% sur la période.Toutefois pour certains économistes, ces statistiques sont loin d'être alarmantes. "Les surcapacités disparaissent peu à peu, l'économie américaine se rapproche de son niveau potentiel", constate Alexandra Estiot chez BNP Paribas, réduisant de ce fait les risques d'inflation. "En fait, si le marché du travail se comportait comme semblent l'attendre les marchés, il faudrait s'en inquiéter. Les capacités de production deviendraient peu à peu insuffisantes, amenant inévitablement à des poussées inflationistes", ajoute-t-elle.
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