Market Academy

Ce pourrait être une nouvelle émission de télé-réalité: suivez les premiers pas de sociétés candidates à une entrée en Bourse filmées 24 heures sur 24, les road-shows, l'angoisse des PDG, puis votez pour celle qui mérite vraiment son introduction sur le marché! Après Loft Story puis Star Academy, la société de production télévisée Endemol nous prépare-t-elle Market Academy? Ce serait plutôt Big Brother in the City. L'opérateur de télécom espagnol Telefonica envisage très sérieusement une introduction de sa filiale Endemol à la Bourse de Londres. Il a même mandaté la banque d'affaires Merrill Lynch dans l'espoir d'une mise sur le marché avant la fin de l'été. A la grande époque, en mars 2000, Telefonica se voit pousser des ambitions de Big Brother justement: dans la logique de la convergence chère à Jean-Marie Messier, qui rêve alors de Vivendi Universal, l'opérateur historique de télécom ibère veut adjoindre du contenu (les programmes) au contenant (ses téléphones) et veut être présent partout. Il n'hésite pas à mettre 5,5 milliards d'euros sur la table pour rafler l'inventeur de la télé-réalité, fondé aux Pays-Bas en 1994 - et non 1984, dommage pour George Orwell... Une OPA amicale en papier, fort heureusement, mais très chèrement payée: les actionnaires bataves du groupe coté à Amsterdam reçoivent une coquette prime de 50% sur le cours moyen des dix derniers jours. Telefonica imagine déjà une mise en Bourse de son pôle médias à l'automne 2000, qui sera maintes fois repoussée... La téléphonie et la télé-réalité voudraient-elles reprendre leurs distances? Depuis plusieurs mois, le patron de Telefonica, Cesar Alierta, ne cache nullement qu'Endemol n'est pas un "actif stratégique", l'euphémisme consacré signifiant "à vendre". Mais le géant américain Time Warner ne lui en aurait proposé que 2 milliards d'euros en octobre dernier. Moins de la moitié du prix d'acquisition! Telefonica espère pouvoir en tirer jusqu'à 2,9 milliards d'euros en optant pour le marché. Les boursiers seraient-ils moins effrayés par le "Fear Factor" du dossier? Le cours d'Endemol, qui produit actuellement la musclée "Première compagnie" sur TF1 et la très élégante "Sperm race" en Allemagne, variera-t-il au gré des hausses et chutes d'audience? Des litiges multiples avec ses clients? Des plaintes de ligues de vertu et autres associations familiales? Voire de l'essoufflement de ce type de format? Le dossier n'est pas sans risque. Bienvenue à Endemol dans la "market réalité".
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