"Fusionnite" aiguë

A chaque jour ou presque sa rumeur. La semaine dernière, les marchés boursiers ont eu une petite poussée de fièvre en spéculant sur un possible mariage entre Royal Bank of Scotland et ABN Amro. Depuis le début de la semaine, c'est un hypothétique rapprochement entre l'allemande HypoVereinsbank et Unicredito qui enflamme les esprits. Quant à Barclays, on la donnait encore récemment mariée avec Wells Fargo aux Etats-Unis. Bref, les investisseurs anticipent à nouveau sur un vaste mouvement de consolidation du secteur financier en Europe. Car la prise de contrôle réussie d'Abbey National par le SCH l'an dernier tend à prouver que les rapprochements entre établissements de deux pays différents (les fameuses fusions "transfrontières") ne relèvent pas de la simple utopie. Sur le papier, les difficultés de telles opérations sont bien connues (risques d'exécution élevés, création de valeur hypothétique, réglementations fiscales non harmonisées...) mais il est aussi tenu pour acquis par beaucoup que le statu quo actuel ne peut durer. A l'exception de l'Allemagne et de l'Italie, les consolidations nationales sont maintenant réalisées et les seules perspectives de croissance pour les principaux acteurs du marché bancaire se situent à l'international. D'abord dans les métiers spécialisés (crédit à la consommation, leasing...) puis inévitablement sur le marché le plus vaste et le plus lucratif : la banque de détail. Reste à savoir qui marier avec qui...Une récente étude d'AT Kearney est à ce titre particulièrement instructive. La société passe en revue un certain nombre de scénarios et surtout établit un classement des rapprochements les plus prometteurs en termes de création de valeur. On y apprend ainsi que Barclays a tout intérêt à se marier avec Lloyds TSB et que BNP Paribas a tout à gagner d'un mariage avec la Société Générale. Le Top 10 des fusions les plus attractives comprend aussi une fusion BNP Paribas-Deutsche Bank (numéro 4) ou encore la création d'une géant franco-helvétique regroupant le Crédit agricole et... UBS. Bref, les consultants d'AT Kearney ne manquent pas d'imagination. Malheureusement, les schémas les plus prometteurs ne sont pas forcément les plus réalistes. Ainsi, trois sur dix des fusions les plus attractives concernent le rapprochement de banques britanniques entre elles, ce que l'on sait impossible pour des raisons de concurrence. Une quatrième concerne une fusion entre Capitalia et UBS, or personne n'ignore que la Banque d'Italie veille jalousement à l'indépendance des banques de la péninsule. Quant à un mariage BNP Paribas-Société générale, la bataille de 1999 a laissé trop de traces pour qu'il soit aujourd'hui sérieusement envisagé. A moins que les banquiers n'aient décidé de nous surprendre cette année !
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