La chute d'une icône

Maurice "Hank" Greenberg ne connaissait qu'un mot tabou: succession. A près de 80 ans, le mythique patron d'AIG n'était pas disposé à passer la main. Mais il n'a pas eu le choix. Lundi, dans la soirée, son conseil d'administration l'a gentiment mais fermement poussé vers la sortie. Gentiment, car celui qui est considéré comme le "parrain" du secteur de l'assurance aux Etats-Unis conserve le titre honorifique de président du conseil d'administration. Fermement, car on ne lui a pas laissé le choix. Maurice Greenberg a bel et bien été débarqué de la direction d'un groupe qu'il a dirigé pendant près de 40 ans, construisant un véritable empire présent dans 130 pays et dominant de sa capitalisation boursière ses concurrents.La chute est aussi rapide que brutale. Mais Maurice Greenberg, comme son fils Jeffrey chez le courtier Marsh & McLennan, n'aura pas résisté à la tornade judiciaire qui frappe de plein fouet le secteur de l'assurance américaine depuis un peu moins de six mois.Pour la famille Greenberg, tout a commencé en octobre dernier lorsque le ministre de la Justice de l'Etat de New York, le désormais célèbre et redouté Eliot Spitzer, a mis en cause des commissions occultes perçues par les courtiers. D'emblée, il a désigné deux cibles de choix: Marsh et AIG. Depuis, le premier a préféré solder le dossier pour 850 millions de dollars et le second a multiplié les déconvenues. Car AIG, mis en cause pour les commissions occultes, a aussi été impliqué dans le scandale des produits non traditionnels, des polices vendues à des entreprises qui pouvaient ainsi dissimuler une partie de leurs pertes.Le vent contraire devenait décidément violent pour Greenberg père qui a longtemps sous-estimé l'impact dévastateur de ces procédures. Le coup de grâce est venu il y a une dizaine de jours lorsque le rôle de Maurice Greenberg lui-même a été mis en cause dans une enquête sur des contrats noués avec un réassureur, lesquels auraient permis au groupe de gonfler artificiellement ses réserves. Une tache de trop sur la réputation de ce président hors normes qui rate ainsi sa sortie. La démission de Maurice Greenberg ne marque pas seulement la fin brutale d'une trajectoire sans équivalent. Elle signe aussi la fin d'une époque... et peut-être de certaines pratiques.
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