Sans surprise, la BCE maintient ses taux inchangés

Aucun suspense. Pour le vingt-troisième mois consécutif, la Banque centrale européenne (BCE) présidée par le Français Jean-Claude Trichet a opté pour le statu quo monétaire. Le taux directeur reste donc fixé à 2% depuis juin 2003. Quant aux taux plancher et plafond qui l'encadrent, ils sont également inchangés à 1% et 3%.La BCE est donc restée sourde aux appels pressants de certains pays, notamment l'Allemagne et l'Italie, de baisser le coût du crédit afin de relancer la croissance européenne en nette phase de ralentissement depuis le début de l'année. "Une baisse des taux n'est pas une option", a martelé Jean-Claude Trichet lors de la conférence de presse qui suivait le comité de politique monétaire, estimant que le niveau actuel des taux était clairement approprié pour soutenir la croissance et contenir l'inflation.Jeudi dernier, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, avait déclaré que "la politique monétaire de la BCE était destructrice pour la compétitivité de toutes les entreprises européennes". Des propos relayés le lendemain par le ministre de l'Economie allemand, Wolfgang Clement, qui précisait que la politique de la BCE ne répondait pas aux intérêts économiques de son pays. Il a notamment laissé entendre qu'en raison de la faiblesse de l'inflation enregistrée dans la zone euro, et particulièrement en Allemagne, "la BCE pouvait agir"."Affectée par le ralentissement du commerce international - le principal moteur de la l'économie mondiale en 2004 - par le maintien à des niveaux élevés des cours du brut et l'euro fort, la croissance de la zone euro ne devrait pas dépasser les 1,4% cette année", estiment les experts de la Société Générale (voir ci-contre).Cette décision intervient au lendemain du comité monétaire de la Réserve fédérale américaine. Pour le huitième mois consécutif, celle-ci a décidé de relever son taux de refinancement interbancaire au jour le jour à 3% (voir ci-contre). De fait, l'écart entre les taux directeurs européen et américain s'élève à un point.Après les décisions des banques centrales américaines et européennes, diamétralement opposées, l'écart de taux entre les deux zones se creuse mécaniquement. Cette différence de rendement peut-elle favoriser la dépréciation de l'euro ? "A court terme, certainement. Mais ces mouvements de marché, qui devraient faire reculer la monnaie unique face au billet vert ne dureront pas. En effet, sur le long terme, compte tenu des déficits courant et public américains, toujours abyssaux, le cours du dollar face à l'euro devrait rester faible", explique Laure Maillard chez Ixis CIB interrogée par latribune.fr.Quoiqu'il en soit, ce statu quo monétaire devrait nourrir le débat sur le rôle joué par la BCE. Contrairement à la Fed qui, selon les préceptes de la règle de Taylor, a des objectifs à la fois monétaire mais également de croissance, l'institution monétaire européenne ne prend ces décisions uniquement en fonction d'objectifs monétaires. De fait, en ne baissant pas les taux de refinancement, la BCE espère pouvoir atteindre son objectif de limiter la croissance annuelle à 2% en zone euro. Au détriment peut-être de la croissance.
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