Le Japon toujours victime de la déflation

La déflation semble repartir de plus belle au Japon. Alors que l'Archipel avait enfin enregistré une très légère augmentation des prix en 2004 - +0,2% selon le Cabinet Office -, les pressions déflationnistes sévissent à nouveau en ce début d'année.Selon les dernières statistiques officielles publiées par le gouvernement de Junichiro Koizumi, l'indice des prix à la consommation a reculé de 0,4% en février. Un repli plus important que celui anticipé par les économistes interrogés par Reuters, ces derniers ayant tablé sur un recul de 0,3%. Cette baisse des tarifs intervient après celles déjà enregistrées en décembre (-0,2%) et en janvier derniers (-0,3%).Pour la seule région de Tokyo, l'indice des prix à la consommation, calculé avec un mois d'avance sur le reste de l'Archipel, affiche une baisse de 0,5% en mars. "Outre des phénomènes ponctuels comme la baisse des prix du gaz et de l'électricité, des abonnements téléphoniques pour des postes fixes ou du riz enregistrées en début d'année, deux phénomènes peuvent expliquer cette persistance des pressions déflationnistes. D'une part, la faiblesse des demandes de crédits en provenance des ménages, ces derniers préférant épargner plutôt que de consommer et donc de s'endetter. D'autre part, les entreprises, toujours engagées dans une logique de désendettement, préfèrent auto-financer leurs investissements. Le canal du crédit reste donc bloqué, malgré l'assainissement des structures bancaires et l'élimination d'une bonne partie des créances douteuses", précisait récemment Sophie Mametz, économiste chez Ixis CIB dans une interview accordée à latribune.fr (voir ci-contre). "Compte tenu de ces bas niveaux de prix, les revenus des ménages sont restés stables. Les entreprises japonaises ne sont pas incitées à augmenter les salaires de leurs employés. Résultat, la demande intérieure ne décolle pas", ajoute l'économiste. De plus, si la déflation est assez longue, ce qui est le cas au Japon puisqu'elle a commencé au début des années 90, les consommateurs peuvent intégrer le recul continu des prix et, selon la théorie des anticipations rationnelles, retarder leurs dépenses pour profiter de nouvelles baisses de tarifs. Ce qui pèse sur la consommation, et donc sur la croissance.Cette nouvelle baisse des prix est donc une mauvaise nouvelle pour le gouvernement. Engagé dans une politique d'assainissement des finances publiques, celui-ci possède désormais une marge de manoeuvre réduite pour soutenir l'économie. La demande domestique étant atone, le gouvernement ne peut plus compter que sur le commerce extérieur pour stimuler la croissance.
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