La bataille pour la retraite coûte déjà cher aux Etats-Unis

On aurait pu croire que la bataille pour la privatisation partielle des caisses de retraite américaines ne faisait rage qu'à Washington. Mais depuis quelques semaines, c'est en Louisiane qu'elle se joue. Une publicité, dans les télévisions et journaux locaux, accuse l'un des élus de cet Etat, le représentant républicain Jim McCrery, de rouler pour Wall Street. Il a reçu 187.650 dollars pour sa dernière campagne électorale de la part de banques et de courtiers. Si tout cela est légal, il n'empêche, les opposants à la réforme de la Social Security, comme on appelle la caisse de retraite publique aux Etats-Unis, estiment que le représentant louisianais est "corrompu". Plusieurs lobbies sont responsables de ces attaques. Et pas des moindres, puisque l'organisation nationale de retraités, l'AARP, a annoncé avoir mis de côté 10 millions de dollars pour lutter contre la privatisation partielle. Une réforme qui aurait sans doute pour conséquence de rallonger les années de travail des salariés et de diminuer en plus les montants des pensions versés par l'Etat fédéral. Et les efforts anti-privatisation commencent à porter leurs fruits. Selon un récent sondage Gallup, 35% seulement des Américains interrogés approuvent l'idée de la réforme, visant à sauver les caisses des déséquilibres dus au vieillissement de la population. Ils étaient 43% en février à l'approuver, et 49% en 2001. Evidement, les groupes en faveur de la réforme ne restent pas inactifs. Le Club for Growth, une organisation conservatrice, a elle aussi un budget de 10 millions de dollars, destiné à payer des publicités en faveur de la privatisation partielle. De même, USA Next, une autre organisation conservatrice, vient de lancer une campagne (coûtant elle aussi 10 millions de dollars) dans le but de discréditer l'AARP. Les sites Web jouent aussi leur rôle. Celui qui s'appelle "there is no crisis.com" cherche à réfuter l'idée que la Social Security est en danger immédiat d'insolvabilité. Le président Bush, qui a fait de cette réforme son cheval de bataille pour son deuxième mandat, réussira-t-il à convaincre les élus et la population américaine des bienfaits d'une telle réforme ? Pas sûr. D'autant que le temps presse. Bill Frist, leader de la majorité républicaine au Sénat, a d'ailleurs émis des doutes sur un passage de la loi cette année. Mais un vote serait encore plus difficile à obtenir en 2006, puisqu'à ce moment là, certains élus seront de nouveau en campagne. Et ensuite, le président sera considéré comme un canard boiteux, à qui il ne restera plus grand temps pour agir. Bref, George Bush, qui veut laisser cette loi à la postérité, est peut-être mal parti pour y arriver.
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