Internet est sorti de sa bulle... il est temps de s'en rendre compte

Quel est le média français qui a le plus progressé en termes de recettes publicitaires en 2004? Internet, qui pèse désormais plus de deux fois plus que le cinéma avec une croissance de 78% de ses recettes. Le circuit dont les ventes ont progressé de 63% en 2004? Le commerce en ligne. Le portefeuille d'abonnés qui a gonflé de 70%? Celui des fournisseurs d'accès haut débit en ADSL. A l'échelle de la France - mais ils seraient transposables ailleurs - ces chiffres traduisent une réalité dont chacun peut faire le constat: le réseau des réseaux est sorti de sa bulle spéculative pour entrer de plein pied dans notre vie quotidienne, transformer nos modes de consommation, d'information, d'accès à la culture et aux loisirs... Et alors? Cette révolution n'avait-elle pas été annoncée en fanfare à la fin des années 90? C'est vrai. Sauf qu'après l'éclatement de la bulle en 2000 et le brusque atterrissage brisant les rêves en couleurs échafaudés sur les business models les plus fous, il était devenu presque malséant de raisonner en "point com" ou en "point net". D'un excès où l'on sanctionnait toute entreprise qui n'avait pas de stratégie Internet à annoncer, on est parfois tombé dans l'autre: l'absence de réflexion prospective d'envergure, le gel des développements Internet dans l'état où l'éclatement de la bulle les a surpris, quand ils n'ont pas été purement et simplement anéantis. En silence cependant, certains ont continué à travailler: le secteur du tourisme, les vendeurs de biens culturels... ont largement opéré leur mue. Le haut débit est arrivé dans les foyers via la vieille ligne téléphonique dynamisée par l'ADSL. Pourtant les groupes médias, rassurés de ne pas assister à la désertion massive annoncée de leur public au profit de la Toile, ont fait preuve d'attentisme, quant ils n'ont pas fait marche arrière. AOL, qui avait dévoré Time Warner, a été ravalé au rang de simple division du géant mondial des médias. Mais aujourd'hui, la puissance de Google, première destination mondiale des internautes, révolutionne les modes d'accès à l'information. Un clic sur "Google Actualités" livre une page où l'information est hiérarchisée par la mécanique des algorithmes du moteur de recherche. Un défi aux médias d'information. Et Google propose de livrer au monde quinze millions de livres numérisés et mis en ligne. Selon quel choix éditorial sera constituée "cette grande bibliothèque mondiale immatérielle"?L'heure du réveil de la réflexion doit sonner. Rupert Murdoch a réuni la semaine passée à New York une cinquantaine des principaux dirigeants de son groupe, qui contrôle le réseau de télévision Fox, le studio 20th Century Fox, les journaux anglais The Sun et The Times... Objectif: définir une stratégie Internet, s'adapter aux changements d'habitude des consommateurs, et profiter de l'explosion des dépenses publicitaires sur le Web. Aux plus chaudes heures de la folie Internet, Murdoch était resté en retrait. Le magnat australo-américain n'est pas homme à réfléchir en vain; il a bâti son empire patiemment, méthodiquement. Le chantier qu'il vient de lancer est un signe fort.
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