L'Opep et la Russie veulent coordonner leurs politiques pétrolières

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole réussira-t-elle à peser davantage sur le marché pétrolier l'année prochaine qu'en 2005? C'est la question qui est posée au terme d'une année qui aura illustré une fois de plus l'impuissance des principaux pays exportateurs de brut de la planète à influencer les cours de l'or noir.Alors que l'Opep, dont les onze pays membres fournissent environ 40% de la demande mondiale de pétrole, s'est révélé incapable, l'été dernier, d'enrayer la flambée des prix du brut liée aux cyclones dans le Golfe du Mexique - la baril avait alors dépassé les 70 dollars -, le cartel aimerait bien ne pas être confronté, dans les mois qui viennent, à une rechute incontrôlée des prix. Son président, le koweïtien cheikh Ahmed al-Fahd al-Sabah, a souligné aujourd'hui à Moscou que la demande devrait fléchir au deuxième trimestre 2006, conformément au repli saisonnier du printemps. Selon lui, les clients de l'Opep auront besoin au printemps prochain de 2 millions de barils par jour en moins qu'actuellement, la demande tombant alors à 27,8 millions de barils/jour (mbj).Le président de l'Opep n'a pas voulu expliquer ce que ferait son organisation dans un tel cas de figure. Tout juste s'est-il borné à rappeler que l'Opep tient à assurer la stabilité du marché pétrolier. Mais si l'organisation veut se donner le temps de la réflexion avant de savoir comment agir, il est clair, comme elle l'avait d'ailleurs rappelé la semaine dernière, qu'elle n'exclut nullement de procéder le moment venu à des réductions de ses quotas de production pour enrayer un repli trop marqué des prix du brut.L'Opep estime en effet que les fortes tensions qui se sont manifestées cette année sur le marché pétrolier n'ont été affectées que de façon accidentelle par des événements comme les cyclones américains. Plus fondamentalement, la forte montée des prix pétroliers résulte de l'accroissement de la demande mondiale, qui découle tout naturellement d'une croissance économique soutenue au niveau de la planète. Et plus particulièrement dans les grands pays en développement accéléré comme la Chine ou l'Inde.Dès lors, l'Opep ne voit pas de raison d'accepter un repli marqué des prix du brut pour des causes purement saisonnières. Les pays producteurs entendent donc mieux appréhender l'évolution de la demande. D'où le voyage en Chine effectué la semaine dernière par le président de l'organisation.Mais ils veulent également retrouver de l'influence en se coordonnant mieux avec les autres grands producteurs de la planète. Car si l'Opep inclut des pays pétroliers aussi importants que l'Arabie saoudite, l'Iran et le Venezuela, son emprise sur le marché est loin d'être totale, avec 40% seulement de la production. D'où le deuxième voyage effectué ces jours-ci par cheikh Ahmed al-Fahd al-Sabah, en Russie cette fois. Le président de l'Opep a ainsi rencontré aujourd'hui à Moscou le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, le ministre de l'Energie Viktor Khristenko et le chef de l'Agence fédérale de l'Energie Sergueï Oganessian. L'Opep aimerait vivement obtenir de Moscou, qui est le deuxième producteur de brut de la planète, un rapprochement de leurs politiques pétrolières. "Nous avons besoin de coordonner les efforts avec votre pays pour préserver la stabilité du marché pétrolier", a ainsi affirmé le président des pays exportateurs.Il a été entendu, dans une certaine mesure: concrètement, l'organisation et la Russie tiendront désormais à cette fin des réunions ministérielles annuelles. Des "échanges techniques, des séminaires et des recherches communes" viendront également enrichir cette collaboration. Selon le communiqué publié à l'issue de la rencontre, l'Opep et la Russie pourraient également coopérer en matière d'investissements dans l'exploration, la production et le traitement du pétrole. Reste à savoir si de telles déclarations de principe seront de nature à impressionner les marchés pétroliers, plus enclins, ces derniers mois, à s'intéresser aux phénomènes climatiques et aux chiffres de la croissance chinoise qu'aux déclarations ministérielles.
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