La conférence ministérielle de l'OMC s'ouvre sous haute tension

"La lutte contre la pauvreté doit être notre priorité à tous": en tant que président de la sixième conférence ministérielle de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), dont le coup d'envoi a été donné aujourd'hui à Hong Kong, le ministre du commerce hong-kongais John Tsang a tracé le cadre dans lequel les négociations de cette semaine semblent devoir se tenir. Une manière aussi de rappeler que le cycle de Doha a été baptisé cycle du développement lors de son lancement en 2001. Si la question du "développement" (libre accès aux marchés pour les pays les moins avancés, aide au commerce ...) pourrait être finalisée par les négociateurs à Hong Kong, elle sera bien la seule. Il est vrai qu'aux alentours du Palais des expositions ultra-moderne où se tient la conférence, la tension est omniprésente. Quelques milliers d'alter-mondialistes ont défilé aujourd'hui pour protester contre l'OMC, sous l'oeil vigilant des forces de l'ordre. Celles-ci ont utilisé des aérosols à base de poivre pour disperser les manifestants, parmi lesquels on dénombrait neuf blessés légers. Et la tension est perceptible aussi à l'intérieur du Palais, où des ONG ont chahuté le discours inaugural de Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, en dénonçant les injustices du commerce. Entre les délégations officielles elles-mêmes, le ton se durcit. L'Inde, le Brésil, les ONG, mais aussi Pascal Lamy tentent d'inciter l'Europe à faire davantage de concessions pour libéraliser son secteur agricole. Rob Portman, le représentant américain au commerce, a jeté de l'huile sur le feu en ironisant sur l' "obsession" que développeraient les Européens à propos de leur aide alimentaire. Mais Bruxelles, de son côté, accuse Washington d'écouler ses excédents agricoles sous prétexte de secours humanitaires. Peter Mandelson, le commissaire européen au Commerce, a donc vivement réagi, rappelant que l'Europe est surtout "obsédée par l'accord cadre" conclu en 2004 à l'OMC. En vertu de ce texte, les subventions aux exportations européennes seront éliminées à condition que les Etats-Unis suppriment leurs subventions déguisées dont l'aide alimentaire est une des formes. L'aide alimentaire représente 20% des exportations américaines de blé et 50% de celles de lait écrémé en poudre. Au total, Washington a consacré en 2003 2,6 milliards de dollars à l'aide alimentaire, des sommes qui vont dans la poche des fermiers américains. Pour finir, Peter Mandelson s'est dit choqué par la publicité parue hier dans le Financial Times, financée par le Programme alimentaire mondiale (ONU), qui donne raison aux Etats-Unis.
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