La réforme du Pacte de stabilité patauge

Seulement quelques "progrès". Les discussions marathon - plus de neuf heures de négociations la nuit dernière - entre ministres des Finances de la zone euro pour réformer le Pacte de stabilité et de croissance n'ont finalement abouti qu'à quelques maigres avancées. Et certains participants considèrent être déjà allés au maximum des assouplissements acceptables.Selon le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, qui présidait la rencontre, cette réunion a malgré tout permis de faire des "progrès". Il admet toutefois que le sujet reste "difficile" et n'exclut pas que le projet de réforme soit abandonné. "C'est un pacte qui fonctionne mal mais je n'ai aucune envie de remplacer un pacte qui va mal par un pacte qui donne l'impression de fonctionner et qui ira mal plus tard", a-t-il précisé. Une nouvelle réunion, qui devra réunir "ceux qui voudraient éviter tout risque de changement qui menacerait la stabilité de la monnaie unique et ceux qui voudraient pousser la flexibilité au dernier recoin imaginable" selon les mots de Jean-Claude Junckert, se tiendra le 20 mars prochain. Juste avant le sommet européen des 22 et 23 mars. L'assouplissement du Pacte de stabilité est au centre de ces négociations. Le texte présenté hier énonce une série de facteurs dits "pertinents" dont Bruxelles devrait tenir compte à l'avenir avant de déclencher la procédure de déficit excessif. Un assouplissement fortement réclamé par les deux poids lourds de l'Union européenne, l'Allemagne et la France, qui ont toutes les peines du monde à respecter leurs engagements communautaires.Réunis à Blomberg en Allemagne, le président de la République française Jacques Chirac et le Chancelier allemand Gerhard Schröder ont adopté une position commune sur la réforme du Pacte. Une initiative mal perçue par les petits pays, qui se plient dans leur majorité aux règles communautaires. "Le mieux que les chefs d'Etat et de gouvernement peuvent faire est de laisser travailler les ministres des Finances", a déclaré le ministre néerlandais Gerrit Zalm.Parmi les facteurs mentionnés par le projet de réforme, figurent la qualité des dépenses, le coût budgétaire des réformes structurelles ainsi que les chocs extérieurs. Un tel assouplissement pourrait ainsi donner plus de marge de manoeuvre budgétaire aux gouvernements en cas de flambée des cours du pétrole, d'appréciation ou de dépréciation de la monnaie unique par exemple.La France, par la voix de son ministre de l'Economie Thierry Breton, espère toujours voir les dépenses dans la recherche, la défense et l'aide au développement soumises à un traitement spécial dans l'évaluation des déficits publics. "Ces éléments ont été repris avec force par certains collègues, allemand et italien entre autres", a indiqué mardi Thierry Breton.Toutefois, malgré ces cas de figure exceptionnels qui pourraient justifier le non respect "temporaire" du Pacte de stabilité, le texte prévoit que Bruxelles garderait son pouvoir de décision et de sanction, contrairement aux souhaits du chancelier Gerhard Schröder.Les avis divergent au sortir de ces discussions. Si l'Allemagne et la France se veulent optimistes sur l'issue des débats, ces assouplissements ne satisfont pas toutes les parties, notamment l'Autriche. "Il y a des progrès, mais en grande partie dans la mauvaise direction", a précisé le ministre autrichien Karl-Heinz Grasser. Il rejette notamment l'idée d'un système à la carte, les règles devant "être appliquées de la même façon à tous les pays membres".De son côté, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia a fait valoir son insatisfaction. "Il y aura des conséquences graves pour tout le monde si nous ne parvenons pas un accord", a-t-il déclaré. Estimant que le compromis était "à la limite du raisonnable", le ministre belge des Finances Didier Reynders estime pour sa part "que l'on ne peut pas aller plus loin que le texte tel qu'il a été retravaillé cette nuit".
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