Textile : Pékin râle, la France aussi

Réactions en chaîne. Après la décision prise par Washington puis par Bruxelles de limiter les importations de produits textiles en provenance de Chine (voir ci-contre), les commentaires vont bon train.Côté chinois tout d'abord, le gouvernement, par la voix du ministre du Commerce Bao Xilai, estime ces mesures "injustes et contraires" aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). "D'après les règles de l'OMC, il n'est pas permis de pratiquer une politique de deux poids, deux mesures. Les limitations décidées par Washington et celles envisagées par Bruxelles sapent la solidité des règles de l'OMC et créent un impact négatif sur le cycle de négociations sur la libéralisation du commerce mondial qui se déroule actuellement", a déclaré le ministre. Si les Etats-Unis ont décidé de limiter les importations de chemises, de pantalons et de sous-vêtements en coton, le Vieux Continent a quant à lui pris des mesures pour réduire les importations de tee-shirts et de fil de lin "made in China".Prévues par le protocole d'accord sur l'accession de la Chine à l'OMC, ces clauses de sauvegarde ne sont que temporaires car elles ne peuvent être imposées que pour un an. Les industries textiles européenne et américaine ne seront plus protégées à partir du 31 décembre 2008. En Europe, et notamment en France, la réaction est également unanime - mais en sens inverse. Pour Patrick Devedjian, ministre délégué à l'Industrie, ces mesures risquent d'être insuffisantes. "Je considère naturellement que la procédure employée par le commissaire Mandelson est assez lente alors que nous sommes dans la situation juridique prévue par l'OMC", a affirmé Patrick Devedjian qui s'étonne par ailleurs que seulement deux catégories de produits soient concernées par ces mesures protectionnistes. Le ministre devrait reprendre aujourd'hui le dialogue avec son homologue chinois pour trouver une solution à cet épineux dossier. Dans le cadre de l'OMC mais également par une action bilatérale. "Aujourd'hui, je vais avoir des discussions avec les autorités chinoises et nous souhaitons qu'elles-mêmes prennent des mesures qui auront l'avantage d'être rapides et qui soient efficaces sur un certain nombre de produits qui créent problème", a précisé le ministre. Du côté de la Fédération nationale française de l'habillement (FNH), le sentiment est également bien tranché sur l'efficacité de ces mesures de protection. "C'est un gadget" car le lin et les tee-shirts ne représentent même pas 5% de la totalité des exportations chinoises", a affirmé ce matin Charles Mercer, le président de la FNH, sur l'antenne d'Europe 1. "Ce n'est pas du tout comme ça qu'il faut faire", a-t-il répété, estimant que Bruxelles aurait dû "montrer sa force pour ne pas avoir à s'en servir" face aux exportations chinoises.Côté Commission européenne, on n'exclut d'ailleurs pas de prendre des mesures supplémentaires contre la Chine. L'Union est "prête à aller plus loin" pour se protéger des importations de textiles chinois, a ainsi affirmé mercredi matin le président de la Commission José Manuel Barroso, interviewé sur Europe 1. "Dès les prochaines semaines, il y aura de nouvelles décisions s'il n'y a pas d'attitude constructive" de la part des Chinois, a-t-il dit, mentionnant la possibilité de "prendre des mesures encore plus fermes". Selon l'Union des industries du textile (UIT), en 2004, le secteur du textile a perdu 11% d'emplois par rapport à 2003. "Entre avril 2004 et mars 2005, entre 80 et 85 entreprises ont déposé leur bilan dans le textile", a déclaré à l'AFP le délégué général de l'UIT, Thierry Noblot, à l'occasion de son assemblée générale. Pour sensibiliser les pouvoirs publics aux problèmes qui menace ce secteur, l'UIT française envisage l'organisation prochaine d'une manifestation devant la Commission européenne à Bruxelles, rassemblant les industriels européens du secteur. Celle-ci pourrait avoir lieu après le 29 mai, date du referendum sur le projet de traité constitutionnel.Alors que le dossier textile s'envenime, la tâche du futur directeur de l'OMC, Pascal Lamy, qui prendra ses fonctions le 1er septembre prochain (voir ci-contre), devrait être conforme à ses attentes : ardue.
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