Le gouvernement américain puise dans les réserves stratégiques de pétrole

Pour tenter de limiter les conséquences de la catastrophe, les Etats-Unis vont puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole. Cette décision, annoncée aujourd'hui par le gouvernement américain, vise à enrayer autant que possible la flambée des prix du brut occasionnée par le cyclone Katrina. Un cyclone dont on n'a pas fini de mesurer l'ampleur des dévastations qu'il a occasionnées.C'est le secrétaire à l'Energie Samuel Bodman qui a confirmé ce matin la décision: le gouvernement américain va bien faire appel aux réserves stratégiques de brut. Cette mesure fait suite à la paralysie de l'industrie pétrolière du Golfe du Mexique, complètement désorganisée par le cyclone Katrina.Ce dernier a occasionné des dégâts considérables aux installations du Golfe, qu'il s'agisse des plates-formes de forage en mer ou des raffineries à terre. Selon Minerals Management Service, environ 95% de la capacité pétrolière de la région sont à l'arrêt.Cette situation a suscité un vif regain de tension mardi sur les marchés pétroliers. Le baril a ainsi touché un plus haut niveau historique, dépassant nettement les 70 dollars le baril avant de terminer sur un record de clôture à 69,81 dollars.Le recours aux réserves stratégiques devrait permettre de soulager les tensions à court terme sur l'approvisionnement. Ces réserves comptent environ 700 millions de barils. Elles sont destinées à pallier aux urgences, leur dernière utilisation remontant au cyclone Ivan, à l'automne dernier.L'accueil par les marchés pétroliers de cette initiative du gouvernement fédéral a été mitigé. A Londres, le baril de Brent a reculé de 1,58 dollar, à 65,99 dollars, au moment de l'annonce, avant de remonter assez rapidement au-dessus de 67 dollars. Aux Etats-Unis, dans la matinée, le cours du baril évoluait au-dessus de 69 dollars. Car cette mesure, appréciable pour réguler les déséquilibres à très court terme, ne remédiera pas aux vraies conséquences de la catastrophe. Pour l'heure, les professionnels du pétrole attendent d'en savoir plus sur l'étendue des dégâts. Mais la situation demeure encore très confuse et un diagnostic précis est encore loin d'être disponible.Au fil des heures, il apparaît en fait que le cyclone a eu un impact colossal sur l'ensemble de la région, et en premier lieu le long des côtes. Selon le gouverneur du Mississippi Haley Barbour, 90% des bâtiments dans la zone la plus touchée du Mississippi par Katrina sont totalement détruits. "Le long de la plage tous les bâtiments se sont effondrés", a-t-il affirmé, "on est dans les débris jusqu'aux hanches, c'est indescriptible".Dans ces conditions, les autorités sont encore incapables de dresser un bilan humain du désastre. Le chiffre d'une cinquantaine de morts mentionné hier sera certainement très largement dépassé. Les responsables locaux estiment que plusieurs centaines de personnes ont pu mourir sur les seules côtes de l'Etat du Mississippi.Alors que l'on pensait mardi que La Nouvelle-Orléans s'en était bien sortie, dans la mesure où le cyclone ne l'avait finalement pas frappée de plein fouet, il apparaît aujourd'hui que la ville est très profondément sinistrée. En effet, située dans une "cuvette" en dessous du niveau de la mer, la ville est désormais envahie par les eaux, des digues qui la protégeaient ayant cédé depuis le passage de Katrina.La situation dans le centre de La Nouvelle-Orléans apparaît donc dramatique: à peu près inaccessible, noyée sous les eaux et privée d'électricité, la ville est de plus envahie par les pillards. Résultat: "il faudra probablement de 12 à 16 semaines" pour que les habitants de la ville puissent regagner leurs logements dans les zones inondées, a annoncé le maire Ray Nagin, qui se préoccupe également du problème de santé publique posé par les cadavres qui flottent dans les eaux dans la ville.Autant dire que la catastrophe, qui suscite une mobilisation considérable aux Etats-Unis, tant en afflux de secouristes qu'en dons financiers, devrait prendre place aux tout premiers rangs parmi les catastrophes naturelles les plus coûteuses de l'histoire du pays.
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