Le salaire des patrons fait débat aux Etats-Unis

Les 500 plus grandes entreprises américaines ont envoyé les informations relatives aux salaires de leurs PDG à la Securities and Exchange Commission, et les Américains moyens restent bouche bée. En effet, selon les calculs effectués par le magazine Forbes, les patrons américains, déjà très bien rémunérés, auraient vu leurs salaires, accompagnés de bonus, de stock options et de packages spéciaux pour leur retraite, par exemple, augmenter de 54% en 2004. La moyenne, pour ces PDG de haut vol, est de 10,2 millions de dollars ramenés à la maison, réellement ou en théorie, l'an dernier. Par comparaison, le salaire d'un ouvrier américain se situait en moyenne à... 32.594 dollars. Pis, ce dernier chiffre montre un recul de 11% par rapport à la moyenne de 1973 ajustée de l'inflation. Et ce, même si, entre cette date et l'an dernier, la productivité de ces travailleurs a augmenté de 78%. Pas étonnant que le New York Times, qui vient de publier une série d'enquêtes sur la notion de classe sociale, estime qu'elle est de plus en plus marquée. Les pauvres ont de plus en plus tendance à rester pauvres, tandis que les riches restent riches! Le Wall Street Journal fait un constat du même ordre, en déclarant récemment à l'issue de sa propre enquête que le fossé entre riches et pauvres s'est creusé ces trente dernières années. Comment faire pour redresser la barre et donner une chance à tous au pays de l'American Dream? Le New York Times propose une imposition plus juste, et qui favoriserait les classes moyennes et basses. Il milite pour une politique de quotas plus active, destinée à améliorer les chances des minorités d'obtenir aussi bien une place dans une université renommée qu'un poste dans une entreprise. D'autres souhaitent aussi une amnistie pour certains émigrés clandestins, ce qui leur permettrait d'avoir au moins accès au salaire minimum. Mais sera-t-il possible de redonner vie au rêve américain, qui a clairement du plomb dans l'aile? Si les actionnaires veillent de plus en plus au grain, en cherchant à faire diminuer les salaires princiers des patrons, en examinant à la loupe les avantages dont ils bénéficient ou encore en essayant de lier la compensation des patrons à leur véritable performance dans l'entreprise, du côté de l'Administration et du Congrès, c'est plutôt l'inverse qui se produit. George Bush n'a-t-il déclaré de nouveau récemment qu'il souhaitait maintenir son programme de réductions d'impôts - principalement à destination des riches? De même, il se bat contre la discrimination positive, et n'a rien prévu pour l'instant pour faciliter l'accès à la santé ou à l'éducation aux classes les plus défavorisées. Bref, la France ne serait donc pas le seul pays où l'ascenseur social est en panne...
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