Rebond surprise de la croissance outre-Rhin

Alors que la majorité des économistes avait anticipé une croissance du PIB allemand de 0,5% au premier trimestre, celle-ci a, contre toute-attente, progressé de 1% en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables entre janvier et mars, selon l'Office des statistiques. Soit la plus forte croissance trimestrielle affichée par la première économie de la zone euro depuis le premier trimestre 2001.Cette première estimation du PIB trimestriel surprend d'autant plus que les derniers indicateurs économiques - notamment les indicateurs de confiance Zew et Ifo ainsi que l'indice de production industrielle - témoignaient de la morosité actuelle de l'économie allemande (voir ci-contre). A l'origine de ce dynamisme inattendu, la vigueur des exportations, en dépit de l'euro fort qui pénalise toujours le commerce extérieur des pays de la zone euro. L'Allemagne profite à plein de son positionnement géographique dans les pays émergents européens et asiatiques en forte croissance et grands consommateurs de biens d'équipements "made in Germany"."La solidité des exportations n'explique pas tout. La balance commerciale devrait également s'améliorer en raison du recul des importations, notamment de biens de consommation. Parce les dépenses des ménages allemands restent toujours très faibles, ce qui pénalise par ailleurs la croissance, les importations ont naturellement tendance à reculer", explique Alexandre Bourgeois chez Natexis Banques Populaires interrogé par latribune.fr."A ces explications, on peut également ajouter un phénomène de correction logique après les déceptions enregistrées au cours du second semestre 2004. Cette croissance inattendue peut également s'expliquer par l'utilisation d'une nouvelle méthode comptable qui prend pour base les comptes de l'année 2000, et non plus l'année 1995. Mais il faudra attendre la publication de la seconde estimation du PIB le 24 mai prochain pour connaître en détail les facteurs permettant d'expliquer une telle progression du PIB", ajoute l'économiste. Ce rebond de la croissance est-il durable ? Hier soir, le président de la Bundesbank, Axel Weber, a déclaré que l'économie allemande avait connu un très bon premier trimestre mais que sa croissance risquait de ralentir ensuite au cours de l'année. "Cette bonne surprise ne devrait pas se confirmer au cours des prochains trimestres", estime pour sa part Laure Maillard chez Ixis CIB. "La dégradation continue de la confiance des acteurs économiques et financiers, conjuguée au maintien à des niveaux élevés des prix du pétrole, devraient affecter la croissance au deuxième trimestre qui s'élèverait, selon nos prévisions, à +0,1%", ajoute-t-elle.Récemment, le gouvernement de Gerhard Schröder s'est rangé à l'avis des économistes et des instituts de conjoncture qui tablent sur un très net ralentissement de la croissance outre-Rhin cette année. Dorénavant, il table sur une progression annuelle de 1% du PIB, contre 1,6% précédemment.Le respect du Pacte de stabilité menacé en 2005En dépit de cette belle performance trimestrielle, le ministre des Finances Hans Eichel a déclaré aujourd'hui que l'Allemagne aurait des difficultés à respecter le Pacte de stabilité cette année. Ainsi, pour la quatrième année consécutive, le déficit public devrait donc dépasser 3% du PIB. Pour justifier ce non-respect du Pacte, Hans Eichel a notamment évoqué la très nette révision à la baisse des rentrées fiscales en 2005.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.