Le moral des milieux financiers allemands en forte chute

Décidément, le moral des milieux d'affaires allemands est au plus bas. Selon l'institut Zew, l'indicateur qui mesure la confiance des milieux financiers est tombé en flèche en septembre à 38,6 points, perdant 11,4 points par rapport aux 50 points du mois d'août. Et encore: ces chiffres ne prennent que très partiellement en compte le résultat des élections de dimanche dernier...On s'attendait à une chute, mais pas aussi sévère. Les économistes tablaient sur un indice Zew en recul de 5 points, à 45, selon le consensus Bloomberg. En fait, c'est à un véritable effondrement que l'on assiste pour cet indicateur qui sonde le moral des investisseurs et des dirigeants du secteur de la finance. Un indicateur d'autant plus suivi qu'il est censé préfigurer de près l'évolution générale de la confiance des milieux d'affaires du pays.Deux raisons sont avancées pour expliquer cette chute. La hausse continue des prix du pétrole, en premier lieu, pèse sur les anticipations des milieux d'affaires. Depuis le début de l'année, les prix pétroliers ont gagné quelque 43%, handicapant d'autant les industries allemandes.L'autre facteur est politique: l'indicateur a été affecté par "les incertitudes sur la politique économique à venir qui pourraient peser sur le climat des investissements et sur la reprise économique", explique l'institut. Le Zew a en effet effectué une partie de son enquête après les législatives de dimanche. Mais même pour les réponses envoyées avant la scrutin, l'enquête reflète l'inquiétude grandissante des milieux financiers à l'approche du vote, face à la perspective d'un résultat indécis. Un sentiment qui a été exacerbé depuis, avec l'incertitude totale qui résulte du vote de dimanche (voir ci-contre). L'absence de vainqueur clair ouvre en effet une période de flottement. Gerhard Schröder et Angela Merkel revendiquent tous deux la responsabilité de former le nouveau gouvernement, au nom de, respectivement, les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates. Mais la nécessité de mettre en place une coalition dépassant les alliances habituelles fait craindre de longues semaines de tractations en tous genres. Avec la perspective de voir finalement au pouvoir un gouvernement reposant sur une alliance "contre-nature" qui le priverait d'un mandat clair de réformes.Or, les milieux d'affaires sont persuadés qu'il est plus que temps de lancer des initiatives vigoureuses en matière de lutte contre le chômage et de réforme de l'Etat allemand. Le fléau du chômage touche actuellement 12% de la population. Et la morosité de la conjoncture dans le pays vient d'inciter l'institut économique HWWA de Hambourg, l'un des plus respectés, à ramener sa prévision de croissance 2005 à 0,6% seulement. HWWA ne prévoit pour l'année prochaine qu'une croissance de 1%...Certes, la chute du Zew est à relativiser dans une certaine mesure. Comme le rappelle Sylvain Broyer, économiste chez Ixis CIB, elle fait suite à "une envolée de la confiance de 36 points dans les trois mois précédents". En outre, "l'indice des conditions actuelles a progressé en septembre, de -61,1 à -58,1".Alors que le dynamisme de l'économie allemande ne repose actuellement que sur les exportations, le retour à la confiance sur le plan intérieur semble plus compromis que jamais par l'impasse politique. Autant dire que les prochains indicateurs de confiance risquent de ne pas se révéler meilleurs que le Zew de ce jour.
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