L'Europe lâche du lest dans les négociations de l'OMC

Alors que la France avait fustigé la proposition de la Commission européenne de baisser les droits de douanes de 20 à 50% sur les produits agricoles dans le cadre des négociations de l'OMC, c'est une offre encore plus généreuse que vient de présenter aujourd'hui le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson. La Commission européenne offre désormais une baisse de 35 à 60% de ses tarifs douaniers, "la plus importante" jamais consentie par l'Union européenne. "Les réductions tarifaires proposées vont au-delà de la première offre de l'UE et bien plus loin que les réductions obtenues pendant l'Uruguay Round", a affirmé Bruxelles dans un communiqué. Cette proposition intervient dans le cadre de la préparation de la dernière étape des négociations de Doha, entamées en 2001 et qui se joueront du 13 au 18 décembre prochain à Hong Kong. Les pays en développement de l'OMC devront ainsi ouvrir leur marché aux produits manufacturés et aux services, en échange de concessions des pays riches sur le volet agricole. Hier encore, Jacques Chirac déclarait en marge du conseil européen de Hampton Court qu'il était "hors de question" pour la France de "faire un pas de plus" sur le volet agricole. Le gouvernement ayant accusé la Commission européenne d'agir en dehors des limites de son mandat pour freiner ses velléités de libéralisation, la Commission a anticipé aujourd'hui une attaque similaire en déclarant que "cette proposition est parfaitement dans le mandat de négociations donné à la Commission (par les Etats membres de l'UE), même si elle est à la limite". "Les principaux partenaires de l'Europe doivent comprendre que cette offre est conditionnelle à des avancées immédiates dans les négociations commerciales sur les produits industriels et sur les services", a souligné le commissaire Mandelson, appelant aussi à des efforts sur le "volet agricole". Bruxelles a également formulé ses exigences à ses différents partenaires de l'OMC. Alors que "l'engagement des Etats-Unis sur l'aide alimentaire et les crédits à l'export" est jugé encore insuffisant, "l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada doivent s'engager plus en avant sur la réforme de leurs entreprises commerciales d'Etat". Les Etats-Unis n'ont pas tardé à réagir à cette annonce. "Nous prenons acte des efforts de l'Union européenne mais il faut faire beaucoup plus", a déclaré Christin Baker, porte-parole du représentant américain pour le commerce Rob Portman, soulignant que "les réductions de tarifs proposées sont plus faibles que celles des pays en développement du G-20 et bien plus basses que celles de la proposition américaine".
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