Corée du Sud : les agriculteurs hostiles à l'ouverture du marché du riz

Au Pays du Matin Calme, ces suicides viennent alimenter la colère qui gronde au sein du monde agricole. Plusieurs milliers d'agriculteurs ont manifesté, vendredi 18 novembre, dans la ville portuaire de Pusan, où les dirigeants de vingt et un pays participaient au Sommet du Forum de l'Asie-Pacifique (l'Apec).Ils s'opposent entre autres à la ratification d'un accord signé en décembre 2004 entre la Corée du Sud et neuf pays exportateurs de riz, dont les Etats-Unis et la Chine. "Le gouvernement devra affronter une lutte totale si l'Assemblée nationale ratifie l'accord", prévenait, en début de semaine, la Ligue Paysanne Coréenne, première association d'agriculteurs du pays. Le riz est un sujet très sensible dans la péninsule sud-coréenne, où près de 60% des surfaces cultivables lui sont dédiées. Dans le cadre des négociations de l'Uruguay Round, Séoul avait négocié, en 1994, la protection de son marché du riz pour une période transitoire de dix ans. En décembre 2004, la Corée a obtenu la prolongation de ce système, qui comporte des droits de douane très élevés et d'importants achats gouvernementaux à prix garantis. "C'est un accord très avantageux pour les agriculteurs sud-coréens, car son alternative serait la libéralisation complète du marché, souligne une source diplomatique européenne. Les négociateurs sud-coréens ont en effet obtenu un résultat remarquable: le maintien pur et simple de la fermeture du marché sud-coréen assorti d'une faible augmentation des quotas d'importation".Mais les agriculteurs ne le voient pas du même oeil et critiquent les concessions accordées lors des négociations. En effet, Séoul a promis l'augmentation progressive des quotas d'importation de 4% à 7,96% de la consommation nationale. De ce volume, 10% dans un premier temps, puis 30% d'ici à 2014, seront dirigés vers le secteur du détail. Or, jusqu'à présent, les consommateurs n'avaient pas d'accès direct au riz importé, acheminé vers le secteur de la transformation. "Nous demandons l'annulation de cet accord, qui ouvre notre marché à la concurrence étrangère, explique Kang Ki Kab, membre de l'Assemblée Nationale et de la Ligue Paysanne de Corée. Nous serons également près de 1.500 à manifester dans les rues de Hong Kong, lors des prochaines rencontres ministérielles de l'Organisation Mondiale du Commerce. Nous y dénoncerons ce système qui, selon nous, tue des paysans".
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