L'Europe dans l'impasse avant le sommet de Bruxelles

A la veille du sommet de Bruxelles, le pessimisme s'installe à la tête de l'Union européenne. Son président, le luxembourgeois Jean-Claude Juncker, s'est dit ce matin "presque sûr" que ce sommet se soldera par un échec, les pays membres n'arrivant pas selon lui à trouver un accord sur le prochain budget communautaire 2007-2013.Après avoir indiqué qu'il allait mettre sur la table une nouvelle proposition de compromis en vue de la négociation, qui sera cependant très proche de la précédente, jugée "inacceptable" hier par le Premier ministre britannique Tony Blair, Jean-Claude Juncker a fait montre de son pessimisme. "Je suis presque sûr que nous n'arriverons pas à faire passer les perspectives financières à ce sommet", a-t-il déclaré au Parlement européen.Par ailleurs, le chef du gouvernement luxembourgeois a souligné l'isolement du Royaume-Uni sur la question du rabais obtenu en 1984 par Margaret Thatcher, dont ses partenaires européens réclament la "correction". Après le très célèbre " I want my money back" proclamé par l'inflexible Dame de fer, le Royaume-Uni avait obtenu un abattement sur sa contribution au budget européen. A cette époque, la Grande-Bretagne, en proie à d'importantes difficultés économiques, avait fait valoir qu'elle payait plus qu'elle ne recevait du budget européen. Ce rabais était alors perçu comme une sorte de compensation. Mais désormais le Royaume-Uni, à la croissance retrouvée, est l'un des pays les plus dynamiques de l'Union européenne. Ce rabais, qui s'est élevé à 4,6 milliards d'euros en 2004, n'apparaît donc plus justifié pour ses partenaires européens.Jean-Claude Juncker a également précisé, n'en déplaise au gouvernement français, qu'il y avait des "réductions à opérer" sur la politique agricole commune (PAC), dont la majeure partie des dépenses ont été sanctuarisées jusqu'en 2013 par un accord d'octobre 2002 sur lequel le président français a exclu de transiger. Le Premier ministre Tony Blair exige des remises en cause de la PAC en échange de toute éventuelle concession sur la ristourne dont bénéficie son pays.Petit rappel: la France est le premier bénéficiaire, et de loin, des dépenses de la PAC. En 2004, les agriculteurs français ont reçu 9,5 milliards d'euros de la part de Bruxelles, ce qui représente 25% du budget agricole total de l'UE.Enfin, Jean-Claude Juncker a tenu à apporter quelques précisions sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE). Il a notamment déclaré que les ministres des Finances de la zone euro souhaitaient pouvoir discuter "de manière franche et ouverte" avec la BCE, sans remettre en cause son indépendance."Nous voulons être dans une position de discuter de manière ouverte et franche avec la Banque centrale de nos vues et de leurs vues", a-t-il précisé. Un tel débat à huis clos "n'aura pas pour effet que nous faisions des déclarations publiques", a assuré le président de l'UE qui se veut toujours "très respectueux de la notion d'indépendance de la Banque centrale".Le président de la Commission européenne José Barroso a tenté pour sa part de contrer le pessimisme affiché par Jean-Claude Juncker, en affirmant lors d'une conférence de presse: "je suis confiant et je crois qu'un accord est à notre portée". Pour le chef de l'exécutif européen, "ce n'est pas le moment de jouer la carte nationale". A défaut d'accord, a-t-il mis en garde, le risque serait que "l'Europe s'enfonce dans la paralysie".
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