Le scandale Zuma secoue l'Afrique du Sud

Aucun doute, "l'affaire Zuma" incarne une crise majeure dans l'histoire de la nouvelle Afrique du Sud, la plus importante survenue depuis les premières élections libres, en 1994. Ce procès, qui débute le 11 octobre à Durban, n'est pas seulement un procès pour corruption: il est celui du "camarade-rival" le plus populaire de Thabo Mbeki au sein du Congrès national africain (ANC), celui du successeur pressenti de ce dernier à Pretoria, celui d'un système et d'une démocratie encore jeunes.Officiellement, la chute de Jacob Zuma débute le 8 juin 2005: Schabir Shaik, son ex-conseiller financier, est alors condamné à 15 ans de prison pour fraude et corruption. Le jugement ne fait pas mystère de l'implication de Zuma dans les "affaires" du financier, et des poursuites directes sont annoncées presque aussitôt. Contre son opinion publique, le président Mbeki prend dès lors une décision saluée par la communauté internationale: démettre le vice-président de ses fonctions - sans s'en désolidariser - pour prévenir d'éventuels scandales.Lesquels se succéderont pourtant, juridiques - perquisitions douteuses, dont certaines ont été jugées illégales, au domicile et dans l'entourage de Zuma - ou politiques. Jamais la triple alliance regroupant l'ANC, les communistes et l'union syndicale Cosatu ne s'était tant déchirée. La thèse "conspirationiste" de cette dernière (on veut "détruire" Zuma politiquement), et la pression qu'elle installe sur le procès, a par exemple obligé Mbeki à convoquer une commission d'enquête pour prouver sa bonne foi dans cette affaire...Le "message positif" de PretoriaEconomiquement, l'impact de la crise reste difficilement quantifiable. Jacob Zuma n'a pas encore fait savoir s'il ferait appel aux deniers publics pour couvrir ses frais de défense. Légalement, une telle demande - encouragée par l'alliance - pourrait être recevable... Le coût pour l'Etat en serait de plus de 10 millions de rands (environ 1,3 million d'euros), selon plusieurs experts.Encore plus difficiles à évaluer sont les conséquences indirectes de la crise. Une éventuelle rupture de l'alliance "donnerait un élan économique au pays en mettant fin à des dogmes passéistes et ouvrirait la voie à la baisse des charges patronales, aux privatisations et à une réforme du code du travail", selon l'opposant Tony Leon, leader de l'Alliance démocratique. Spéculations, répond l'ANC, décidé de toute façon à éviter un tel scénario.Finalement, le seul impact certain découle de la gestion de la crise par Mbeki et se révèle positif. Quelque 75% des Sud-Africains pensent que l'éviction de Zuma sur fond de fraude a su délivrer un message positif aux investisseurs, selon une étude publiée ce mois-ci par Research Surveys. Vrai, confirme le Conseil du marketing international: le choix de la transparence aurait "clairement" renforcé la confiance des investisseurs, donc l'emploi. La nomination de Phumzile Mlambo-Ngcuka, ex-ministre des Minerais et de l'Energie, à la vice-présidence aurait également été très applaudie. L'indice BCI indique d'ailleurs aussi un regain de confiance. Sur le front de l'emploi, le diagnostic ne se dément pas. Selon les derniers chiffres de Stats SA, 131.000 postes ont été créés au deuxième trimestre 2005. La lutte contre le chômage constitue depuis plus d'un an l'une des priorités de l'équipe gouvernementale et le reste. Avec ou sans Zuma.
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