Le pétrole bat de nouveaux records, malgré l'Opep

C'est une décision sans surprise qu'a annoncée aujourd'hui l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui tenait une réunion ministérielle à Ispahan, en Iran. La conférence "a décidé de relever le plafond de production à 27,5 millions de barils par jour (mbj), avec effet immédiat", selon le communiqué publié à l'issue de la réunion. Outre cette mesure, qui consiste à augmenter de 500.000 barils par jour le quota de production, un deuxième relèvement du même montant pourra intervenir au printemps si les prix du brut demeurent élevés. En effet, précise le communiqué, "la conférence a par ailleurs autorisé le président à permettre, après consultations avec les autres chefs de délégation, une hausse supplémentaire de 500.000 barils par jour d'ici à sa prochaine réunion si les prix restent à leur niveau actuel ou continuent à augmenter". Concrètement, des consultations téléphoniques auront lieu entre les membres de l'Opep en avril et en mai, a précisé le ministre vénézuélien de l'Energie Rafael Ramirez, et le deuxième relèvement des quotas interviendra alors avant la prochaine réunion extraordinaire de l'Opep prévue le 7 juin, "si les prix restent à ce niveau".La hausse du quota de production décidée aujourd'hui est, elle, applicable immédiatement, même si son effet pourrait ne se faire sentir qu'en mai pour des raisons techniques. Avec cette mesure à double détente, l'Opep veut lancer un signal au marché, qui a propulsé les prix du brut à des niveaux record depuis quelques mois. "L'Opep est déterminée à faire en sorte que le marché soit bien approvisionné à des prix raisonnables", a déclaré le ministre koweïtien Ahmed Al-Fahd Al-Ahmed Al-Sabah. Constat exprimé également par un responsable de l'organisation selon qui, tout simplement, "pour l'Opep, les prix sont beaucoup trop élevés". Même s'il se traduit par des recettes exceptionnelles, le niveau record auquel évoluent actuellement les prix du brut n'enthousiasme pas les producteurs. L'Arabie saoudite, au premier chef, ne cache pas son inquiétude quant à l'impact de la hausse actuelle des cours sur l'activité économique mondiale. "Le prix actuel de 55 dollars est élevé, nous voulons que les prix se situent entre 40 et 50 dollars", a déclaré le ministre saoudien Ali Al-Nouaïmi dans le quotidien en langue arabe Al Hayat de ce matin. Alors que la demande mondiale ne devrait pas retomber, du fait de la reprise économique en cours et de l'explosion des besoins dans des pays comme la Chine et l'Inde, un relèvement de la production semble donc la réponse la plus adaptée.Reste que le relèvement du quota applicable aujourd'hui est essentiellement symbolique puisque, comme c'est souvent le cas avec les décisions de l'Opep, il consiste à aligner le plafond officiel sur ce qui est déjà le niveau réel de la production. C'est ce qu'a fait remarquer le ministre libyen, selon qui la première hausse du quota concerne du brut qui "est déjà produit". Quant au deuxième relèvement, s'il se concrétise, son impact est encore incertain. Nombre de pays producteurs sont actuellement au plafond de leurs capacités de production et seule l'Arabie saoudite semble en mesure de pomper davantage. Dès lors, les analystes sont circonspects quant à l'impact réel de ces décisions. Dans un premier temps, les marchés pétroliers ont réagi à ces annonces par une baisse mesurée. Mais la publication dans l'après-midi, d'une baisse surprise des stocks d'essence hebdomadaires aux Etats-Unis a complètement éclipsé les décisions de l'Opep. Le baril de brut a du coup inscrit un nouveau record en séance en passant au dessus des 56 dollars à New York. Avec un bond de 1,30 dollar, il est monté jusqu'à 56,35 dollars. Le précédent record avait été établi fin octobre à 55,67 dollars. Simultanément, le pétrole a également battu de nouveaux records à Londres, où le Brent a atteint un niveau historique à 54,95 dollars le baril. Le précédent record - 54,30 dollars - remontait au 9 mars.
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