La fin du Pacte de Stabilité ?

Le chômage frappe aujourd'hui 8,9% de la population active de la zone euro - 9,9% en France, 10,8% en Allemagne, ses deux économies les plus puissantes. La croissance y sera comprise entre 0,3 et 0,7% au cours du premier trimestre de l'année, estime la Commission européenne, les économistes situant en moyenne la progression de son PIB sur l'ensemble de l'année aux environs de 2%.Or une croissance aussi faible ne crée pas d'emplois. Il faut donc la stimuler davantage. Comment? Un surcroît de dépenses publiques n'est pas la seule solution, et pas nécessairement la meilleure, mais "nous devons reconnaître que l'objectif de consolidation des budgets publics peut à court terme se révéler en contradiction avec l'objectif de développer le potentiel de croissance."L'auteur de ces quelques lignes, publiées hier par le Financial Times, n'est autre que le chancelier Gerhard Schröder. Il ajoute que le dépassement de ce seuil de 3%, actuellement toléré uniquement en cas de sévère crise conjoncturelle, doit également être accepté lorsque la croissance est trop faible, comme c'est le cas aujourd'hui. Il estime que les institutions européennes ne devraient être autorisées à engager des procédures de sanction que dans "des conditions très limitées".Bien sûr, la Bundesbank a aussitôt rejeté "toute nouvelle interprétation du Pacte" et la Banque Centrale Européenne s'est gardée de tout commentaire mais n'en pense pas moins. Pour autant, que l'Allemagne, inspiratrice pour une large part de ces "critères de Maastricht", en arrive à de telles conclusions est bien la preuve que le Pacte, au moins dans sa forme actuelle, est condamné.Dans un rapport rendu public la semaine passée, le Conseil d'analyse économique trace quelques pistes en recueillant les contributions de plusieurs universitaires de renom. La première: si le critère de 3% doit rester valable, il doit l'être non pas chaque année mais sur l'ensemble d'un cycle économique. La deuxième: les dépenses publiques de recherche et développement ne doivent pas entrer dans son calcul.La nécessité de la maîtrise des dépenses publiques, celle du désendettement ne sont pas oubliées pour autant. Le président délégué du CAE, Christian de Boissieu, a proposé voici près d'un an que lorsque la croissance d'un pays membre dépasse sa croissance potentielle, les trois quarts des recettes fiscales supplémentaires ainsi générées soient affectés à la réduction du déficit public.Aucune de ces propositions n'est à proprement parler nouvelle ou révolutionnaire, pas plus qu'elle ne garantit la baisse du taux de chômage promise, à raison "d'un point par année", par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Réformer le Pacte, c'est aussi prendre le risque de démontrer qu'il était jusqu'à présent un bouc émissaire fort commode.
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