Les super-héros sont fatigués

Même les super-héros ne sont plus infaillibles. Le studio d'animation Pixar, une des stars du Nasdaq depuis son introduction il y a dix ans, est tombé à grand fracas de son piédestal vendredi. Une correction de près de 15% dans les premiers échanges, c'est-à-dire plus de 750 millions de dollars de capitalisation boursière détruite d'un trait de crayon pour les inventeurs des "Indestructibles". Les dirigeants du studio d'Emeryville, en Californie, étaient jusqu'à présent un peu considérés comme des super-héros, battant chaque trimestre le consensus des analystes avec une facilité désarmante. Mais vendredi, la "lovestory" avec les marchés a tourné à l'aigre. Le fondateur et PDG, Steve Jobs, a dû annoncer l'incroyable nouvelle : "The Incredibles" ne s'est pas aussi bien vendu que prévu en DVD. Sorti en mars aux Etats-Unis, le DVD du film d'animation à grand succès s'arroge pourtant la première place des ventes de l'année à ce jour, grâce à un démarrage en trombe qui avait largement contribué au triplement du bénéfice de Pixar au premier trimestre. Las, l'enthousiasme est retombé... Et les vendeurs de rêve n'ont pas de super-pouvoirs pour le redresser : la firme, qui a enchaîné les succès avec Monsters et Le Monde de Nemo, a révisé en baisse de plus de 30% ses prévisions de bénéfice pour le deuxième trimestre. Pas de quoi crier au film catastrophe mais assez pour essuyer les huées d'un public devenu d'autant plus exigeant que l'action Pixar étincelait non loin d'un nouveau record historique atteint à la mi-juin....La mésaventure de Pixar a comme un goût de suite alarmante au mauvais rêve des actionnaires de Dreamworks Animation. Un "profit warning" en règle pour la firme à l'histoire boursière fort courte : sept mois après son entrée au Nyse, le studio créateur de "Shrek" a reconnu en mai qu'il avait surestimé le succès du deuxième opus de l'ogre vert en DVD, pourtant meilleure vente de l'année passée. 2005, année zéro des héros de dessins animés ? Le mal est en réalité plus général. Le Box Office lui-même est touché. Depuis le début de l'année, les ventes de tickets de cinéma aux Etats-Unis ont plongé de 7% ! Un record dont Hollywood se serait bien passé : la fréquentation des salles obscures a reculé pour la 18ème semaine consécutive. Sorties trop rapprochées des DVD, prix élevé des places, abus du filon des séries et remakes, concurrence des autres divertissements électroniques, piratage bien sûr, les raisons sont nombreuses à ce déclin dont on ne sait s'il est simplement conjoncturel ou structurel. A ces jeunes studios pleins de talents de montrer aux marchés qu'ils peuvent résister à ces courants et sont, en somme, indestructibles...
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