Feu orange clignotant

La mobilisation des banques françaises contre la création de la Banque postale n'aura peut-être servi à rien. Ce futur établissement public de crédit doit être créé d'ici le 1er janvier prochain et, en l'état actuel du dossier, il semble bien que rien ne puisse s'y opposer. D'un côté, le Comité des établissements de crédit et entreprises d'investissement (CECEI) examine actuellement le dossier qui lui a été soumis fin juillet. Cette autorité de tutelle doit déterminer si l'arrivée d'une Banque postale ne risque pas de perturber le bon fonctionnement du système bancaire. On voit mal ce qui pourrait justifier une décision négative. La future Banque postale sera en effet soumise aux mêmes règles prudentielles que les autres établissements de la place et aux mêmes contrôles. Le CECEI, lors d'une première séance, le 10 novembre, s'est en particulier intéressé aux conventions de service qui vont lier la banque et le réseau de la Poste ainsi qu'à la rentabilité de l'établissement de crédit. Ces deux aspects sont évidemment essentiels au bon fonctionnement de la Banque postale mais, sauf à prouver calculette en main qu'elle n'est définitivement pas viable, le CECEI aura sans doute du mal à lui refuser son feu vert. En réalité, c'est sur le terrain de la concurrence que les adversaires de la Banque postale peuvent faire valoir leurs plus solides arguments. La création d'une nouvelle banque publique est un phénomène assez rare pour que l'on s'interroge sérieusement, non seulement sur sa motivation, mais aussi sur l'impact qu'elle peut avoir sur le marché. C'est un fait, forte d'un réseau de 17.000 points de contact, la Banque postale apparaît sur le papier comme un concurrent de poids. Et le fait que l'Etat en soit le propriétaire n'est pas anecdotique. C'est une garantie dont aucun autre établissement de la place ne peut se prévaloir. C'est sans doute la principale aide dont bénéficiera la Banque postale, et cela dès son premier jour d'activité. Est-ce de nature à fausser la concurrence?La question devra être tranchée à Bruxelles, dont la Commission a déjà été saisie par la Fédération du Crédit agricole. Les services de la Commissaire à la concurrence Neelie Kroes ont fait savoir que les délais seront tenus. Sa réponse sera donc connue d'ici le 1er janvier, voire plus tôt. Et mauvaise nouvelle pour les adversaires de la Banque postale, Bruxelles ne verrait pas d'un mauvais oeil l'arrivée de celle-ci sur le marché français. A tort ou à raison, le secteur des services financiers n'est en effet pas réputé pour la concurrence féroce qui y règne. C'est même un sujet sur lequel les autorités communautaires entendent se pencher. Dès lors, on comprend leur peu d'entrain à s'opposer à la constitution d'un nouvel acteur en France. Pour la Banque postale, cela signifie que si le feu n'est pas encore vert, il est déjà passé à l'orange clignotant.
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