Querelles politiques autour de l'affaire des opérateurs de téléphonie mobile

L'affaire économique, concernant une entente sur les tarifications favorisant le partage des parts de marché entre les trois opérateurs de téléphonie mobile (lire ci-contre), est en train de prendre un sérieux virage politique...L'affaire révélée par le Canard Enchaîné hier mettait en avant le rôle des directions des opérateurs téléphoniques. Et par ricochet, celui de Thierry Breton, président de France Télécom à l'époque des faits évoqués et aujourd'hui ministre de l'Economie et des Finances.Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Aujourd'hui, c'est l'ensemble du Parti socialiste qui demande une commission d'enquête sur les accusations d'entente illicite entre SFR, France Télécom et Bouygues Telecom. Soulignant que, si elles sont prouvées, ces accusations seraient "lourdes de conséquences pour les usagers du téléphone, notamment en termes de tarifs", le Parti socialiste contribue surtout à faire enfler la polémique autour du rôle de Thierry Breton dans l'affaire.Le PS souligne en effet que le ministre de l'Economie a présidé France Télécom "d'octobre 2002 à février 2005" et été administrateur de Bouygues Telecom en 2002.Ce matin, Thierry Breton a réfuté un tel lien. Pour lui, "s'il y a eu une entente, il faut punir, s'il n'y a rien eu, il faut le dire. Mais ceci concerne des faits préalables à ma venue à France Télécom", a-t-il affirmé sur France Info.Le ministre a confirmé que s'il y a bien eu plainte contre les opérateurs de téléphonie mobile, déposée par l'association UFC-Que Choisir, ceci a eu lieu avant son arrivée à France Télécom. En effet, UFC-Que Choisir a déposé plainte en février 2002 et Thierry Breton est arrivé en octobre de la même année. Mais pour le Canard Enchaîné, une réunion du comité exécutif d'Orange a eu lieu courant octobre 2002, en présence de Thierry Breton, évoquant un "Yalta des parts de marché". Thierry Breton était donc peut-être au courant des faits, mais rien ne prouve qu'il les a approuvés... Enfin, en réponse à son ancien bras droit Patrick Devedjian qui soulevait ce matin dans Le Figaro un problème de conflit d'intérêt entre la fonction actuelle de Thierry Breton et celle qu'il occupait avant d'entrer à Bercy, là encore le ministre se défend. "Le Conseil de la concurrence qui est une autorité indépendante, qui ne dépend d'aucun ministère, ni de Bercy, ni de quiconque, s'est auto-saisi pour effectuer les enquêtes nécessaires", suite à la plainte d'UFC-Que Choisir, a-t-il souligné. Selon Patrick Devedjian, le ministre de l'Economie n'était certes "pas à la tête de France Télécom au moment des faits". Mais il serait "moralement en position de conflit d'intérêts, ayant gardé de la sympathie et de l'amitié pour les personnes qui travaillent chez France Télécom", a-t-il ajouté.En début d'après midi, le ministre délégué à l'Industrie François Loos a d'ailleurs réagi à cette attaque personnelle contre Thierry Breton. Il a ainsi affirmé que le comportement de son prédécesseur Patrick Devedjian n'était "pas vraiment républicain". Et de prendre la défense du ministre de l'Economie en soulignant que "cette affaire date de 1997 à 2002 donc, de toute façon, ça ne le concerne même pas". Dès lors, il estime qu'il n'y a "aucun conflit d'intérêt".De son côté, Jean-François Copé a considéré que les propos de Patrick Devedjian "étaient déplacés" et regrette cette "démarche polémique".Reste que le fond de l'affaire demeure pour l'instant assez flou, le Conseil de la concurrence n'ayant pas encore publié son rapport ni sanctionné les opérateurs télécoms concernés. Toujours est-il que si les accusations sont fondées, UFC-Que Choisir est bien décidé à utiliser toutes les ressources de la procédure judiciaire. Et pour cela, l'association de consommateurs n'attendra pas le projet de loi prévoyant la mise en place de la procédure de "class action" en France, prévu en fin d'année. L'association demandera "une réparation au titre de l'intérêt collectif", procédure à laquelle peut se joindre "qui veut", a précisé Julien Bourgnon, porte-parole de l'UFC.De son côté, la Commission européenne a pris note de l'enquête lancée en France. "Nous accueillons très favorablement toute démarche des autorités nationales de concurrence pour appliquer les règles de concurrence de l'Union européenne", a précisé Jonathan Todd, le porte parole de la Commission. Et d'ajouter, "s'il y a des pratiques qui ont lieu au niveau national, c'est aux autorités nationales de les traiter".En fin d'après-midi, le titre Bouygues cède 0,58% à 36,11 euros et l'action France Télécom 1,36% à 24,59 euros.La croissance serait devant nousCe matin, le ministre de l'Economie Thierry Breton a affirmé qu'en matière de croissance, "le plus dur est derrière nous", tout en jugeant "difficile" d'atteindre les 2% en 2005 en raison des prix élevés du pétrole. Après 0,5% au premier trimestre et 0,1% au deuxième, "nous escomptons un second semestre plus porteur et une année 2006 plus porteuse", a-t-il souligné sur France Info. Il a par ailleurs fait état d'indicateurs de "reprise", montrant que la "machine industrielle s'est remise en marche".
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