"Trop cher!" hurlent les uns. "Trop loin des métiers de base d'eBay!", clament les autres. Alors que les rumeurs concernant l'achat de Skype, le spécialiste de la communication de vive voix par ordinateur, courraient à Wall Street, en fin de semaine dernière, investisseurs et analystes se montraient sceptiques. Et le cours de Bourse d'eBay reculait. Une fois l'opération confirmée, mardi dernier, les analystes ne semblent pas avoir changé d'avis. Il faut dire qu'à 4,1 milliards de dollars au total, l'opération ressemble fort à une nouvelle bulle dans la high-tech. Certes, Skype a réussi, depuis deux ans seulement que la technologie a été lancée, à conquérir le monde. Dans plus de 225 pays, 54 millions d'utilisateurs parlent gratuitement grâce au système. Et Skype séduit 150.000 personnes de plus par jour. Les Européens sont aux premières loges. Ils constituent en effet près de la moitié du total des utilisateurs, le reste se trouvant en Asie (un quart) et en Amérique du Nord (un huitième). Mais la directrice générale d'eBay a beau mettre en avant le fait que la communication, la discussion, le marchandage même, sont une composante essentielle d'un système d'enchères, en particulier dans les pays en développement, les analystes ont du mal à croire qu'eBay ressemblera un jour à Marrakech et ses marchands de tapis. L'analyste d'Ovum, un cabinet spécialisé dans les valeurs de communication, trouve l'idée saugrenue. Un tel achat, selon lui, ne correspond pas aux métiers de base d'eBay. Celui de Dresdner Kleinwort Benson n'en revient toujours pas du prix payé. Un prix bien élevé, en effet, pour une société qui devrait afficher des revenues de seulement 60 millions de dollars cette année. Certes, il est clair que Skype a du potentiel, mais tout de même, la société n'a pas encore dégagé de bénéfices. Et puis, il y aurait eu meilleure façon, pour eBay, de se doter d'un système tel que celui qu'offre Skype. EBay aurait pu en fabriquer un elle même. Ou en acheter un, mais moins cher, auprès de la concurrence. Google et Yahoo! développent ainsi leur offre dans ce domaine. Bref, l'opération rapportera avant tout aux deux fondateurs de Skype, Niklas Zennstrom et Janus Friis. Les actionnaires d'eBay, eux, devront sans doute attendre...
L'achat de Skype par eBay fait plus d'un sceptique à Wall Street
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