L'ère Eisner chez Walt Disney a pris fin

Le père adoptif de Mickey depuis 25 ans a quitté vendredi "le monde magique" de Disney. En effet, Michael Eisner, président du groupe Walt Disney depuis 1984, passe les rênes à son poulain Robert Iger.Michael Eisner, 63 ans, est arrivé chez Walt Disney en 1984 en tant que président du conseil d'administration. Réélu à la quasi unanimité en début d'année, il a pourtant décidé de partir avant la fin de son mandat. Et surtout de partir sur une note positive, ce qui était loin d'être évident il y a deux ans.En effet, Michael Eisner a réussi à survivre à la tourmente qui a agité le groupe depuis 2003. Deux actionnaires, le neveu de Walt Disney, Roy Disney, et l'un des plus gros actionnaires du groupe, Stanley Gold, étaient entrés en guerre contre le PDG. Considérant que celui-ci ne gérait pas correctement son entreprise et qu'il ne respectait pas le minimum de règles de gouvernance, les deux frondeurs avaient réuni autour d'eux un nombre impressionnant de dissidents parmi les actionnaires du groupe.Mais persévérant, Eisner avait finalement décidé de redresser son bébé. La gouvernance d'entreprise, qui avait été au centre des mécontentements et qui avait déclenché un procés de longue haleine, a été totalement refondue par Eisner l'an dernier. Au final, les actionnaires ont par exemple finalement obtenu une transparence parfaite sur les conditions d'embauche et de licenciement du directeur général Michael Ovitz en 1996.Retour du soutien des actionnairesL'année 2004 a aussi été celle d'un retour en grâce de la chaîne de télévision du groupe, ABC. Avec trois shows télévisés attirant une audience record, la chaîne est redevenue rentable. Enfin, la même année Michael Eisner a réussi à faire avorter l'acquisition du royaume de Mickey par Comcast pour 54,1 milliards de dollars.Après avoir été renié par 43% des actionnaires en 2004, Michael Eisner a obtenu cette année le soutien de 92% des actionnaires. Mais la nomination de son dauphin à la tête de Disney risque de relancer les critiques sur les relations que Michael Eisner entretien avec ses amis proches.Mais le nom d'Eisner, avant d'être le symbole d'une chute liée à la fronde d'actionnaires, était surtout le symbole de Disney et de sa réussite. En effet, Michael Eisner a littéralement redonné vie au groupe, tombé dans la léthargie dans les années 80.Eisner débute dans les années 70 chez CBS puis ABC où son flair porte déjà ses fruits. En effet, il lance à l'époque deux des plus grandes séries de l'époque "Happy Days" tout d'abord et "Starsky et Hutch", qui remportent toutes deux un succès multigénérationnel. Succès au box officeRepéré rapidement par Barry Diller, un autre grand nom des médias américains et président de ABC, Michael Eisner est propulsé aux Studios Paramount. Là encore, il démarre sa carrière dans l'entreprise par un succès qui n'est autre que "Grease", et sera suivi par d'autres gros succès du box office comme "Saturday night fever" ou encore "Les aventuriers de l'Arche perdue".Le problème de Michael Eisner, selon ses proches, reste qu'il est caractériel et arrogant. Mais c'est peut être ce caractère qui va séduire le groupe Disney, proche du coma depuis la mort de son fondateur Walt. Et là, la magie Eisner commence à opérer. Il relance le groupe, notamment grâce aux films tels que "Aladin" ou encore "Le Roi Lion" qui marquent le retour dans les cinémas des studios Disney. Il se met aussi à redynamiser les parcs d'attractions, en ouvrant de nouveaux sites dans plusieurs pays, comme en France en 1992 ou encore le dernier en date, à Hong Kong. Enfin, Walt Disney se lance dans des acquisitions externes avec la prise de contrôle de la chaîne de télévision ABC pour 16 milliards de dollars en 1996.Chiffre d'affaires multiplié par 20Résultat des courses, le chiffre d'affaires du groupe a été multiplié par 20 en quelques années. Au 31 décembre 2004, Walt Disney a vu son chiffre d'affaires progresser de 14% à 30,7 milliards de dollars pour un résultat net de 2,4 milliards en hausse de 85%. Et surtout, le titre est remonté en Bourse, le groupe étant particulièrement bien accueilli par Wall Street.Mais en 1996, Michael Eisner perd son dauphin de l'époque dans un accident d'hélicoptère et recrute rapidement l'un de ses amis, Michael Ovitz, qui restera moins d'un an et partira avec une somme rondelette. Et c'est là que les difficultés commencent pour Michael Eisner qui va perdre la face, notamment vis-à-vis de ses actionnaires.Reste que ce géant des médias aura marqué une génération entière dans le monde de l'entreprise américaine. Il aura surtout eu l'audace et la capacité de redresser un groupe qui est le symbole du loisir américain à la grande joie des petits et des grands...
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