La Bourse connaît la musique

Réglée comme du papier à musique par ses propriétaires, un groupe de fonds d'investissement, l'introduction au New York Stock Exchange du numéro quatre mondial du disque, Warner Music, mercredi dernier, a tourné au four retentissant. Tout avait été orchestré à merveille pour que Warner réussisse une entrée en Bourse en fanfare : le rappeur Puff Daddy avait participé aux road-shows et le légendaire guitariste de Led Zeppelin, Jimmy Page, a joué quelques riffs sur le parquet du Nyse aux milieux des banquiers et des dirigeants de la maison de disque venus sonner la cloche d'ouverture de la séance de Wall Street. La fausse note était ailleurs : dans le prix. Les investisseurs, qui ont tiré les leçons des excès de la bulle, se méfient de ces introductions dont le seul but est de procurer aux fonds de capital-risque une sortie lucrative. Edgard Bronfman Junior et les fonds Thomas H. Lee Partners, Bain Capital et Providence Equity, ont essuyé un concert de critiques en croyant pouvoir valoriser Warner 3,4 milliards de dollars, un an après l'avoir racheté 2,6 milliards, soit 30% de moins, à Time Warner, et en l'ayant dûment lesté de 2,4 milliards de dette. "Trop gourmands et trop pressés !" ont fustigé à juste titre les investisseurs, qui demandent des preuves du redressement du groupe toute juste sorti du rouge. En voulant aller plus vite que la musique, les propriétaires de Warner ont raté l'opération : le prix a finalement été fixé à 17 dollars par action, soit 30% de moins que le haut de la fourchette initiale (22 à 24 dollars). Adieu la plus-value pour ces messieurs du capital-investissement, qui ont tout de même touché un copieux dividende, mais ont préféré garder leurs titres et affecter les fonds au remboursement de la dette. Vendredi soir, le titre qui cote sous le symbole "WMG" a clôturé à 15,96 dollars. Le flop de Lazard une semaine plus tôt aurait dû mettre la puce à l'oreille d'Edgar Bronfman Jr. Introduite en bas de fourchette, la banque d'affaires cote 13% sous son prix d'entrée en Bourse. L'opération était elle aussi perçue comme un simple "passage en caisse" des fondateurs. Le papetier Boise Cascade pourrait bien connaître la même mésaventure mardi. Les 400 millions de dollars qu'il espère lever sont destinés intégralement à rémunérer le fonds de Chicago Madison Dearborn Partners, sept mois après le rachat...
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