Les SSII accaparent le marché français des informaticiens

Les recruteurs expliquent le manque de profils IT en France par la montée en puissance du recrutement des SSII développant des softs pour les services financiers. "Ce sont les SSII et les consultants qui recrutent", explique Jérôme Bonnard, directeur général du cabinet de recrutement RCBF Consulting. "Les banques embauchent peu, tandis que des sociétés comme Murex, Sophis ou Reuters Financial Software renforcent leurs équipes". Il explique également que l'appétit des SSII reflète un regain d'intérêt des banques pour l'investissement dans les nouveaux systèmes d'information. "Beaucoup de projets avaient été mis en berne pendant des années, mais maintenant il y a de nouveaux développements dans le domaine de la gestion de fonds, de la "compliance" (mise en conformité aux réglementations) et de la gestion des risques, mais pas assez d'ingénieurs pour les mettre en pratique". Cadextan, filiale de Sungard basée à Paris, qui est intégrateur de software pour des banques comme Calyon, IXIS CIB, BNP Paribas ou Société Générale, est en phase de recrutement. Son président Didier Neyrat indique que la société a connu une progression de 30% de son chiffre d'affaires au cours des deux dernières années. Avec 60 embauches cette année, la société compte désormais 210 employés. En 2006, elle devrait procéder à 50 ou 60 recrutements supplémentaires. "En 2001, les banques françaises et européennes ont arrêté d'investir dans les systèmes d'information. Elles ont repris en 2003. Nous devons donc embaucher mais nous rencontrons des difficultés pour trouver les candidats avec l'expertise requise". Didier Neyrat explique que les candidats recherchés sont de type Bac +5 avec une formation d'ingénieur à Centrale, l'Ecole des Mines ou ENSIMAG. Ils présentent souvent une double compétence technologique et financière. En outre, les difficultés de recrutement conduisent sa société à recruter en dehors du territoire: Marocains, Tunisiens, Algériens ou candidats de l'Est de l'Europe constituent désormais 10% de ses ressources humaines. Problèmes de salaire Même son de cloche chez Altran, SSII française. Le responsable de la division des services financiers Raphaël Faure rapporte que la société a déjà procédé à 60 embauches dans son équipe cette année, et prévoit 30 nouvelles arrivées d'ici la fin de l'année. En revanche, contrairement à Jérôme Bonnard, il estime que les banques sont des concurrents directs. "Lorsque nous sommes en concurrence avec d'autres SSII pour une embauche, notre réputation est un plus. Mais lorsque des banques offrent des rémunérations importantes et des postes intéressants, c'est plus ardu". Jérôme Bonnard pense que la pénurie de talents va demeurer une question clé pour le secteur à court terme. "Un de nos problèmes réside dans l'exode croissant des jeunes Français vers Londres ou New York. Mais il y a aussi un manque d'ingénieurs désireux de se consacrer exclusivement à la programmation dans les services financiers: certains préfèrent devenir trader ou 'business analysts'. L'off-shore donne l'impression que la programmation n'a pas d'avenir". Pourtant, avec un chiffre limité à 5%, la délocalisation des services de développement, notamment en Inde, est clairement sous-développée en France, nuance Didier Neyrat. La pénurie peut également s'expliquer par les perspectives de rémunérations. Selon Jérôme Bonnard, un programmeur avec cinq ans d'expérience peut espérer, au sein d'une SSII, un salaire entre 50 et 60.000 euros plus un petit bonus. Des chiffres loins de ceux perçus par les traders. Pour sa part, Raphaël Faure, admet que les meilleurs bonus des banques sont réservés à une infime minorité. "Le secteur bancaire est assez basique. Il y a deux ou trois personnes qui gagnent beaucoup d'argent, et l'immense majorité qui espère y arriver un jour".
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.