Haro de la classe politique contre la privatisation des autoroutes

Les groupes intéressés avaient jusqu'à ce soir pour déposer leurs offres de reprise sur les compagnies autoroutières (voir ci-contre). Mais les personnalités politiques, de gauche comme de droite, se sont invitées aujourd'hui dans le débat. Un mois après la levée de boucliers lors de "l'affaire Danone", certains politiques brandissent de nouveau les arguments de la souveraineté économique et du patrimoine national. Du côté de l'opposition, le discours est uniforme. "Le gouvernement brade le patrimoine de l'Etat [...] pour faire rentrer l'argent dans les caisses", s'indigne Annick Lepetit, la porte-parole du Parti Socialiste (PS). Même son de cloche du côté du souverainiste, quoique député UMP (Union pour un mouvement populaire) Nicolas Dupont-Aignant, qui s'insurge contre cette "indéfendable privatisation" des sociétés d'autoroutes destinée à "boucler les fins de mois". "On ne vend pas un trésor familial", ajoute le député de la majorité en demandant "solennellement" au Premier ministre de "renoncer" à ce projet.Plus virulent, le Parti Communiste dénonce la "prime de rentrée du Medef" octroyée par le gouvernement au patronat français, tout en regrettant que cette décision "ne fasse même pas l'objet d'un débat parlementaire". Même remarque de la part du PS qui regrette l'absence de "discussion, de négociation et de consultation" et s'interroge sur "la tarification des péages" dans le futur.Les critiques concernent également les orientations politiques choisies. Pour l'adjoint au maire de Paris Denis Baupin (Vert), la privatisation est une "triple erreur: sur le plan économique en bradant au privé une source de recettes importantes pour les décennies à venir, au niveau stratégique en se séparant d'un outil d'orientation majeur de la politique des déplacements et enfin une erreur écologique en privant les transports collectifs d'une recette pérenne". L'argument de la politique d'aménagement du territoire est également repris par André Rossinot (Parti Radical associé à l'UMP): "cette décision condamne aux aléas budgétaires toute politique de grands travaux".Seules réaction positive, le porte-parole de l'UMP Luc Chatel estime que la privatisation des autoroutes sera une "bonne affaire gagnant gagnant pour le développement de notre pays, pour ses infrastructures et son désendettement".Ces déclarations font suite aux premières critiques lancées à l'annonce de l'appel d'offre fin juillet par le président de l'UDF François Bayrou qui avait dénoncé un "excès de pouvoir" en menaçant de saisir le Conseil d'Etat.Autostrade présenterait une offre sur APRR avec des groupes françaisLe groupe italien Autostrade se serait associé à un consortium français pour proposer une offre sur la société Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR), d'après des sources concordantes de l'agence de presse italienne RadioCor et l'AFP. Autostrade serait accompagné de la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC), ainsi que d'Axa, des AGF et de la branche assurance-vie du Crédit Agricole (Prédica). L'italien détiendrait 30% de ce consortium. L'espagnol FCC aurait également présenté une offre sur l'une des trois sociétés. A ce jour, seul le français Eiffage a déclaré s'être associé au fonds Macquarie pour présenter une offre sur APRR et Sanef.Bercy nomme un expert indépendant pour surveiller les privatisationsLe ministère des Finances a choisi Jean-Louis Fort comme expert indépendant en charge de vérifier "la transparence de la procédure de privatisation des autoroutes", a indiqué Bercy. Face aux critiques, le gouvernement s'était engagé à nommer un expert indépendant pour surveiller le déroulement des privatisations. Jean-Louis Fort est un ancien secrétaire général de la commission bancaire.
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